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Critique de jovidalens


Pourquoi Antoine Comino, citoyen bruxellois, émigré d'Italie durant son enfance, respectable garagiste à la vie tranquille, va-t-il s'inventer "enquêteur" ? Parce qu'un pauvre bougre s'est tiré une balle dans la tête sur le parvis de la mairie ?
C'est bien à la recherche de la clé de cette énigme que Giuseppe Santoliquido entraîne son lecteur.
Roman "policier", presque à la manière d'un Simenon, par la qualité de l'écriture, l'ambiance un peu grise qui donne une couleur à cette histoire ; alors que c'est un soleil écrasant qui baigne la ville. Quelle que soit la lumière estivale, les centres commerciaux, les immeubles rapidement bâtis sont toujours nimbés de tristesse, d'une vacuité, presque, infinie.
Quelle ville au fait ? Bruxelles, dévoilée par ce terme qui revient souvent : le piétonnier, terme qui désigne une zone piétonne, lieu de croisement de personnes qui s'ignorent. Et Antoine Comino va beaucoup marcher, déambuler dans des quartiers qu'il a connu dans une autre vie, quartiers de déshérence .
Dicrètement un thème s'insinue, entrelace les mots et les phrases : ce manque d'échanges de regards, cette incapacité à voir l'autre, sorte de déshumanisation par indifférence.

Ce jour-là, des policiers surprennent Antoine Comino dans son atelier, complètement concentré sur la réparation de son "joujou" ; une belle américaine vieille de plus d'un demi-siècle. Immédiatement, un sentiment de culpabilité le submerge, celui qui nous étreint quand nous sommes face aux forces de l'ordre, ou vieux réflexe d'émigré, vite suivi par de la commisération pour un mort dont personne ne se soucie. C'est décidé ; il va enquêter pour redonner une personnalité, une vie à celui qui va être enterré au carré des indigents.
Pas facile de s'improviser détective avec de vagues souvenirs cinématographiques. Et pourtant... Il va en croiser de ces gens qui hantent les quartiers les plus pauvres, les hôtels miteux, mais aussi des êtres lumineux qui se réchauffent et l'accueillent, un instant, au plus chaud de leur tribu.

Guiseppe Santoliquido prend le temps d'installer son personnage, dans sa ville et dans sa vie, un cadre si commun avec le notre, celui que nous partageons avec lui : c'est notre civilisation, notre « air du temps ».
Guiseppe Santoliquido est un politoloque belge d'origine italienne avant d'être écrivain. Ce métier lui permet en quelques phrases de donner corps tant au réfugié du Liban, qu'au chef de chantier serbe qui « donne » du travail au noir à toute une population tentant de survivre à la marge de nos sociétés .

Encore une belle découverte grâce à Genèse Edition et Babelio. Merci de faire découvrir des auteurs aussi talentueux.

Non ce n'est pas le gris qui règne sur nos villes, plutôt ce violet choisi pour la couverture du roman, couleur du demi-deuil, le demi-deuil de nos renoncements ?
Mais ce livre apporte plein d'espoir : l'énergie de ce héros de tous les jours . Ce livre terminé, m'a convaincue d'ouvrir grands les yeux et de voir, pour de vrai, mes concitoyens.
Action !
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