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Critique de maxsantoul


INTENTION DE L'AUTEUR

Le roman est construit autour de 3 personnages : la grand-mère, l'enfant et la mémoire qui joue un rôle de révélateur. Elle libère les souvenirs de façon naturelle et devient un acteur virtuel, mais à part entière.
Celle des odeurs, par exemple, est une source intarissable, mais qui ne se convoque pas par la simple volonté de l'esprit ; alors que la mémoire visuelle, ou celle des sons, s'adapte parfaitement à la manipulation. Ce principe est respecté dans le récit, même si ce n'est pas évident car les traces en ont été "adoucies" au cours de l'écriture et de la réécriture pour renforcer la construction. Mais il explique ce montage dispersé volontaire. L'auteur avait d'ailleurs pensé à un premier titre au tout début : "final cut of the puzzle". Il faisat référence aux emprunts à la culture cinématographique au cours des événements.

L'histoire de "Ménino… je suis venu te dire que je t'aimais", qui est le titre exact, légitime l'implication du narrateur. Il existe aussi un fil rouge : la résilience. Elle montre comment un enfant peut devenir un homme alors que tout paraît perdu d'avance. L'amour et la confiance d'une grand-mère, déjà handicapée par la nature, permettent de révéler la vie du village de l'enfance : le manque de générosité des habitants et les caprices du mauvais sort ; le rythme des saisons, scandé par les métiers de passage vécus "à fleur de peau", comme le sont les luttes, les mensonges, la religion, les opinions… La fragilité des cervelles immatures ou au contraire la lucidité des autres sont montrées à travers le regard d'un enfant, et plus tard à travers celui de l'adulte qu'il est devenu.

Il y a donc plusieurs niveaux de langage :
celui de l'enfant à l'époque du récit ;
celui de l'enfant qui bénéficie des connaissances à posteriori (qu'il n'avait pas au moment des faits) ;
celui de l'adolescent qui est un "homme" en apprentissage ;
celui de l'adulte qui se penche sur son enfance et analyse l'initiation ;
celui de l'adulte qui se prononce avec sa culture aboutie à travers ses souvenirs…

Du coup, les mots jouent entre eux, les phrases se recomposent, la construction et la conjugaison se libèrent des rigueurs habituelles… avec des maladresses voulues. C'est donc un style parfois soutenu, mais souvent "piqué" de nouveautés et des "élégances" du langage parlé.
Le roman résulte d'un assemblage, à la manière de nouvelles qui se sont emboîtées les unes dans les autres. Au fur et à mesure du récit, les personnages ont pris de l'ampleur et ont acquis une légitimité propre en dehors de leur enracinement dans la réalité. L'histoire s'en est enrichi spontanément au fil de l'écriture. Mais l'autofiction reste le principe même de la narration, telle qu'elle a été définie par Serge Doubrovsky.

Nous souhaitons au lecteur autant de plaisir à lire ce livre, qu'il en a procuré à l'auteur pour l'écrire.

Max Santoul

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