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Critique de Dionysos89


Dans une forme de transition entre les tomes 1 et 2 de la saga littéraire du Sorceleur, une promotion numérique a mis sur ma route la nouvelle d'Andrzej Sapkowski qui est considéré comme un tome 0,5 pour la série (en fait c'est la seule nouvelle traduite par Bragelonne d'un autre recueil qui ne l'est pas encore), car elle nous fait découvrir une aventure à l'origine du personnage de Geralt de Riv.

Amourette sur le bord du chemin
Dans l'univers du Sorceleur, nous sommes bien avant ses aventures de routier-tueur de monstres. Nous croisons Visenna, magicienne des grands chemins et appartenant au Cercle des Druides, qui porte secours à un simple soldat, Korin, assailli et gravement blessé par une vieille vagabonde. Visenna étant désignée comme la mère de Geralt de Riv dans une des nouvelles du deuxième tome, cette nouvelle apparaît comme le tome 0,5 car elle pourrait présenter les deux parents du Sorceleur. Dans tous les cas, que ce soit vrai ou non, les deux itinérants, après avoir fait tranquillement connaissance, font route commune et débarquent dans un petit village nommé La Clef. Ce village, comme ceux alentour, sont depuis quelques temps l'objet d'attaques menées par une bande composée autant d'humains que de vrans (des humanoïdes avec de gros yeux rouges). Ils se terrent sur un sentier montagneux, la « route d'où l'on ne revient pas ». Or, ce qui se joue ici est davantage que lutter contre des bandits de grands chemins…

Choix et culture
Cette nouvelle, en-dehors de proposer un récit hors de la ligne temporelle propre au Sorceleur uniquement, propose surtout un fort contraste entre les deux personnages principaux qui jouent de cette opposition : Visenna, magicienne aux cheveux roux, à la personnalité posée et réfléchie, et Korin, soldat tempétueux, extrêmement bavard (l'auteur semble adorer ce genre de personnages), aux cheveux blancs et à la lame aiguisée facilement sortie. Andrzej Sapkowski choisit pour les mettre en scène une structure intéressante : un début un peu mièvre où ils font connaissance et où les sous-entendus sont nombreux, un milieu assez convenu où le lecteur retrouve une trame classique (rencontre en village, lancement d'une quête, questionnements et événement inattendu), mais une fin un brin plus retorse avec quelques petits messages plus proches de préoccupations contemporaines (pouvoir d'une bourgeoisie, manipulations génétiques, etc.). D'ailleurs, la couverture, très bien choisie pour le contexte, nous dévoile sûrement trop de la fin, mais bon. Enfin, on ressent davantage dans cette nouvelle la culture polonaise propose à la saga du Sorceleur. Ainsi, dans les noms de dirigeants, quelques mots de vocabulaire notamment alimentaire et dans certains références folkloriques, l'auteur prend ses inspirations dans la tradition historique polonaise. Par exemple, les commandants militaires et administrateurs locaux sont des « voïvodes », un mercenaire guerrier est désigné comme « bobolak » et le personnage « maléfique » de la nouvelle est un « kochtcheï », entité de contes slaves auquel la mort est étranger ce qui la rend maléfique. Bien sûr, il y a également quelques toponymes « Zarzecz », « Kaczan », voire en piochant jusqu'à des contrées slovènes comme « Maribor ». Bref, cela dépayse.

La nouvelle « La Route d'où l'on ne revient pas » est donc au bout du compte une meilleure surprise que ce que j'ai pu croire au départ. On est en-dehors de l'histoire du Sorceleur, mais cela finit par être bénéfique quand on s'intéresse aux autres personnages et dimensions (notamment politiques) de ce monde.
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