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Critique de Stockard


Son nom complet c'est Claireece Precious Jones mais bon, ça c'est pour l'état civil, mieux vaut pas s'aviser de l'appeler par son premier prénom « Tout le monde m'appelle Precious (...) C'est que les connards que je peux pas saquer qui m'appellent Claireece ». Donc on va garder Precious et puis c'est bien, c'est joli et dans sa vie, un peu de splendeur c'est pas du luxe ; d'ailleurs à part ce prénom, Precious, toute son existence est synonyme de calvaire. Adolescente afro-américaine de Harlem, obèse, inculte, subissant jour après jour les coups et les injures d'une mère sadique et les viols répétés de d'un père dont elle a déjà un enfant trisomique et est enceinte du deuxième, Precious est dans une telle impasse qu'on voit mal comment elle pourrait en sortir... jusqu'à ce qu'une conseillère d'éducation l'inscrive dans une école pour analphabètes et voilà notre fan de Louis Farrakhan qui commence à entrevoir une possible porte de sortie à cette vie effroyable grâce à la scolarité. Parce que Precious, maintenant, elle se verrait bien poète ou quelque chose comme ça alors savoir lire et écrire n'est soudain plus une obligation un peu pénible mais devient une envie, un défi, une chose autour de laquelle elle finira par organiser toute sa vie.
Elle part de loin mais sa détermination est telle qu'à chaque obstacle (et ils sont nombreux) qui pourrait lui faire baisser les bras, on a envie d'enfiler une tenue de pom-pom girl et de l'encourager autant qu'on peut, mais pas d'inquiétude majeure finalement, la réussite scolaire c'est sûrement la seule chose qui l'empêchera de finir en semi-esclavage à passer sa vie à récurer les chiottes de la bourgeoisie blanche de la Ve Avenue alors si ça, c'est pas une motivation pour ne jamais lâcher ! Parce qu'au-delà de la simple alphabétisation, c'est un désir de vivre, d'exister, de ne plus être invisible sur la photo qui pousse Precious à se battre encore et encore là où beaucoup aurait fini par jeter l'éponge, le scotch brite, le liquide vaisselle et tout le reste.

En résumé, un livre puissant avec des personnages aussi attachants (Precious et ses copines de classe dont elle partage le niveau) que détestables (la mère ultra-violente préférant croire que Precious lui vole son mari – sept ans elle a quand son paternel se met à lui rendre des visites nocturnes – plutôt que de se faire à l'idée qu'elle partage la vie d'un démoulé trop tôt) et une écriture au style cash qui, sous couvert autobiographique et présenté comme le journal de Precious (fautes d'orthographe, de syntaxe et tout ce qu'on peut imaginer d'une quasi-illettrée, incluses) finit, si besoin en était, de nous mettre dans le bain.
A lire, sans hésitation.

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