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Critique de JeffreyLeePierre


Waouh.
C'est du brutal. Très sombre.
Et encore, Saramago a eu pitié de nous, pauvres lecteurs, en nous rendant à nos occupations sur une fin miraculeusement heureuse, même si convenue.

Pourtant j'ai adoré ce livre.

D'abord le style : les dialogues ne sont pas marqués par des apostrophes et tirets, ce qui donne une belle fluidité. Et aussi le mélange réussi dans beaucoup de phrases entre la narration proprement dite et les commentaires, généralement plaisants, de l'auteur au lecteur. Tout cela donne la belle impression de se faire raconter l'histoire plutôt que de la lire.

La première partie raconte comment la maladie survient. Elle est rapide, enjouée, empreinte d'humour. On est immédiatement embarqué et on y croit parce qu'à l'exception de ce symptôme invraisemblable au possible (devenir subitement aveugle), les événements se déroulent de façon très realiste.

Et puis c'est l'internement en quarantaine, et tout bascule très vite dans l'horreur. le même style décrit maintenant l'abjection, et l'humour des commentaires devient noir ou dérisoire. Les degrés de l'enfer sont franchis un à un, rien ne nous est épargné. Plus tard, avec la sortie dans la ville ravagée, le sentiment de libération est immédiatement annihilé par la dévastation qui règne. Bref, dedans ou dehors, ce monde est dur, très dur. Et Saramago ne nous épargne surtout pas à coup d'euphémismes. C'est cru, très cru.

La seule touche romanesque, la nouvelle petite famille constituée des protagonistes principaux, permet d'entretenir un peu d'humanité, faite de solidarité et de sentiments. Elle nous rattache encore au monde d'avant, malgré les horreurs ou "seulement" les mesquineries qu'ils commettent et les changent. Ainsi que quelques moments d'accalmie, notamment la visite à l'écrivain (je soupçonne l'auteur d'avoir un peu prêché pour sa paroisse, là).

C'est donc un livre dur, nos petits travers exagérés par la situation y sont méchamment décrits dans toute leur abjection, et ce n'est pas beau à voir. Manque la critique sociale, mais là n'est pas l'objet, Saramago tape au coeur de l'humain. Il faut se blinder pour en sortir indemne, mais il produit une très forte impression. Un grand livre.
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