« J'avais détesté sa nature, son silence, son passé de brume et ses secrets. » T.C. Elimane, la figure centrale de cet étrange roman, suscite bien des questionnements et son lot de rumeurs pour tous les personnages et a fortiori pour le lecteur. Insaisissable, nimbé d'une aura de mysticisme, l'écrivain africain fictif agit comme symbole du colonisé affranchi, ayant intégré la culture de l'oppresseur, ici représenté par la France.
Un roman à la structure complexe que j'ai pris du temps à apprécier, mais dont la quête principale, cette recherche minutieuse d'un homme soi-disant volatilisé, a fini par m'accrocher. Et c'est surtout dû à l'écriture ondoyante de
Mohamed Mbougar Sarr. Sur un parcours alliant différents registres littéraires, celle-ci se déploie avec une telle facilité et une telle souplesse qu'on la dirait sortie tout droit de la bouche d'un conteur susurrant à notre oreille. Les voix des protagonistes s'imbriquent entre elles, s'entremêlent pour tisser une toile autour de cet homme dont la « tête pleine » attire tous ceux qui l'ont connu vers des abîmes existentielles.
Une lecture envoûtante qui exalte et perturbe à la fois.
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