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Critique de Sarindar


Il n'est jamais facile de se lancer dans une entreprise de réhabilitation. L'image de Louis VII, dit le Jeune (1120 - 1180, roi de 1137 à sa mort) a été suffisamment abîmée au long du temps pour que l'homme puisse facilement retrouver grâce à nos yeux.
Yves Sassier a eu la louable intention de s'y essayer, et n'a ni ménagé ses efforts, ni manqué de trouver des arguments pour nous faire voir ce "faible" roi sous un autre jour.
Peut-être destiné par son père, Louis VI le Gros, à l'état ecclésiastique, il était peu fait pour porter sur ses épaules les destinées du royaume capétien.
N'écoutant pas les conseils avisés du sage Suger, abbé de Saint-Denis, qui avait guidé la politique de son père, Louis VII se lança dans une guerre frontale avec le comte Thibaud II de Champagne. Était-il trop influençable lorsqu'il subissait le charme de son épouse, Aliénor d'Aquitaine, malgré leurs différences de tempérament (elle étant très voluptueuse et lui plutôt pieux et prude) ? Ou son conflit avec le comte de Champagne obéissait-il à la froide logique ? Toujours est-il qu'il refusa de reconnaître la nomination de certains évêques choisis conjointement par ce dernier et par la papauté et qu'il s'attira les foudres du pape Innocent II, qui devait prononcer à son endroit une sentence d'excommunication. La mise à feu, sur son ordre, de l'église de Vitry-en-Perthois en 1143, étrange de la part d'un homme aussi pieux et aussi dévot, n'arrangea pas ses affaires. Il lui fallut, durant cette même année, manger son chapeau, accepter les désignations épiscopales dont nous venons de parler et signer un traité avec le comte de Champagne pour retrouver un peu de crédit. Cela ne suffisant pas, il accepta de diriger lui-même la Deuxième croisade, consécutive à la reprise d'Édesse par les Musulmans. Mais cette entreprise fut désastreuse. La tentative manquée en 1148 contre Damas, grosse maladresse, qui devait avoir de grosses répercussions par la suite pour la survie du royaume de Jérusalem, scella l'échec de cette intervention.
Trois ans plus tard, à Beaugency, en 1151-1152, une fois Suger disparu, le mariage de Louis VII et d'Aliénor fut dissous. Autre erreur ? On sait que cette dernière allait bientôt se rapprocher et s'unir avec Henri Plantagenêt, et que cette union allait entraîner pour longtemps des rapports très solides entre l'Aquitaine et le royaume d'Angleterre.
Yves Sassier a le mérité de démontrer que, si l'on regarde objectivement l'action conduite par le roi et ses conseillers après tous ces épisodes, on est obligé de constater que le reste du règne fut plus constructif, qu'il correspondit à une reprise en main politique, et prépara une lente remontée de la puissance capétienne, poursuivie patiemment et intelligemment par le fils de Louis VII, Philippe II Auguste. Porter un autre regard sur Louis VII est donc réellement possible.

François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015)
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