AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eve-Yeshe


Marie qui se rapproche lentement mais inexorablement de son quatre-vingtième anniversaire, décide de rédiger une lettre à sa fille Adèle, pour lui raconter qui elle est vraiment, lui parler de son enfance, de tout ce qui lui est arrivée de la ferme paternelle jusqu'à sa vie adulte puis l'entrée dans la vieillesse, ce qui a conditionné ses choix, car elle ne lui a jamais parlé de rien. Elle avait tout verrouillé au plus profond d'elle-même.

Elle a fait le choix de cette lettre car elle est décidée à choisir elle-même la manière dont elle veut mourir. Marie n'essaie pas se justifier, de convaincre sa fille, elle explique son choix, le cheminement de sa pensée de sa vision philosophique et personnelle de la vie et de la mort. Elle le dit dès le départ et le récit est construit en partie sur l'argumentation.

Marie revient sur l'enfance à la ferme, « Les glycines, la dureté de la condition de métayer de son père, qui trime dans les champs et avec les animaux tout en reversant la moitié des récoltes au propriétaire. Elle évoque les caprices de la nature, où la grêle peut tout détruire, entraînant privation disette, sacrifices et montrant bien que c'est la Terre qui est souveraine.

Les temps sont durs, les conditions sont dures mais les humains sont durs aussi, telson père, le corps sec et noueux comme un pied de vigne, le dos courbé par la fatigue et le travail, qui se montre d'une dureté implacable avec Jean, le petit frère handicapé de Marie (il est sourd, mais on ne s'en est pas aperçu tout de suite). Les coups pleuvent, les cris, les silences de la mère, Marie se cachant sous les couvertures en attendant que les coups et les cris cessent. Et puis un jour arrive un traumatisme encore plus grand.

Marie s'applique à l'école, les livres l'intéressent alors que sa mère est quasiment illettrée, car c'est « la seule façon de s'en sortir ». Jusqu'au jour où elle s'en va pour de bon, direction l'université laissant tout derrière elle.

Ce roman nous propose une réflexion sur la dureté de la vie dans le monde rural, l'interdépendance de l'homme et de la nature, la sagesse des paysans qui savent qu'il faut la respecter, la violence intrafamiliale et l'oubli pour pouvoir avancer, prendre sa vie en mains.

Delphine Saubaber va beaucoup plus loin en nous proposant une réflexion sur la vieillesse et le droit de pouvoir décider quand on va tirer sa révérence, et de quelle manière. Tous ses propos sur la vieillesse m'ont beaucoup touchée car je suis arrivée au même point de réflexion que Marie son héroïne :

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, même si l'héroïne est un peu froide, mais son enfance l'a poussée dans ce système de protection. L'écriture de Delphine Saubaber est belle, elle m'a profondément touchée, telle la grêle qui s'abat sur les récoltes pour les détruire, ou la grêle plus symbolique qui accompagne les orages dans nos vies.

Elle nous rend hommage, au passage, à Hermann Hesse dont elle m'a donné envie de lire son « Éloge de la vieillesse ». C'est le premier roman de l'auteure et c'est vraiment une réussite.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C. Lattès qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure.

#Lafilledelagrêle #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          496



Ont apprécié cette critique (46)voir plus




{* *}