Même en rêve, on a rarement tout ce qu'on veut, il n'y a guère que les enfants pour s'imaginer le contraire.
Tout à l'heure nous reprendrons la route,Bonneville et moi. La clim fonctionne à fond parce qu’ici c'est le plein été, on file tout droit au milieu des champs de maïs, parfois on aperçoit des rangées de véhicules agricoles à l'horizon, ils sont verts pétant et de loin on croirait voir de gros insectes parasites sur les cultures. La prochaine ville d'importance est à moins de cinquante miles, j'ai hâte d'y être parce que depuis des jours on ne traverse que des bourgades poussiéreuses, pas un car-wash dans le coin et la Pontiac est dégueulasse. Là-bas on trouvera de quoi se refaire une beauté, elle et moi, et puis en avant toute, direction l'inconnu encore, Hymne Chat-là comme disait le père.
« C’est alors que tout a basculé. Je n’ai rien vu venir, juste ce type entre deux âges qui se promenait là, je n’aurais jamais pu me douter du danger qu’il représentait pour Bonneville et moi, pour ma vie tout court. Un malheureux concours de circonstances, au fond, mais j’étais sur le point de commettre un meurtre. »