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Critique de Seraphita


« Qu'est-ce qu'il y a dans la rue qui t'intéresse tellement ? ». C'est une remarque, en passant, que prononce, agacée, une vieille femme à son mari qui semble avoir la tête ailleurs. La tête perdue dans des souvenirs d'un autre temps. Celui où il était épris de désir pour une femme jeune qu'il lui fallait conquérir. Vogue un passé perdu, dans sa tête, à l'image de « la barque au-dessus de l'eau transparente, l'ombre de la barque sur le sable du chenal entre les rochers luisants. » Aujourd'hui, l'image s'est flétrie, c'est une femme ridée qui est là devant lui et qui parle d'un quotidien où le rêve n'a plus sa place : c'est l'utilitaire qui règne, la peur surtout, de manquer d'argent, de la mort tant redoutée… Un passé qui s'est enfui, et pourtant…

« Qu'est-ce qu'il y a dans la rue qui t'intéresse tellement ? » est l'une des 3 nouvelles constitutive de cet opus écrit par Annie Saumont dont je découvrais la plume. La quatrième de couverture indique qu'elle « a obtenu le Prix de la Nouvelle de l'Académie française en 2003. » J'ai beaucoup aimé son style, incisif, mordant. Dans la première nouvelle, j'ai apprécié le contraste saisissant entre un ici et maintenant particulièrement restreint, traduit par une conversation insipide, factuelle, qui prend l'allure d'un monologue, et les souvenirs d'un vieil homme rendus de façon si poétique, que souligne une mise en page et une typographie singulières. La fin peut surprendre, tant cette femme âgée semble odieuse et manipulatrice…

Les deux autres nouvelles - « Ce serait un dimanche » et « Méandres » - explorent également un aujourd'hui qui vient faire écho à des fragments du passé. « Méandres » m'a semblé un peu plus difficilement accessible, … trop tortueux ? très poignant, cependant, notamment à la fin, quand résonnent les mots : « les chemins du cloître envahis par les ronces, où viendra déambuler l'humble fantôme de celui qu'on aura enfin ramassé, brisé, au bord de la route en méandres. », en guise de fin ouverte.
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