De la même façon, la Chine, pays qui n’a que peu connu la colonisation
(si l’on excepte la période des concessions) est très fière de son
indépendance. « Le manager français ne peut pas débarquer en Chine
comme en un pays conquis et montrer trop d’arrogance, ça ne prendra
pas », estime Jin Syian, directrice de l’Institut Confucius d’Arras.
De fait, les expatriés français dans les anciennes colonies de notre
pays tentent souvent de se positionner entre trois attitudes :
−−l’attitude qui repose sur le postulat de la culpabilité héréditaire qui les pousse à se faire les plus discrets, les plus inexistants
possible, à ne pas se croire autorisés au parler vrai, et finalement parfois
à ne servir à rien par excès de prudence et par crainte de prolonger
des attitudes colonialistes.
−− l’attitude du déni de tout rapport entre d’une part leur situation,
leur travail, leurs engagements professionnels, et d’autre part ce qui a
pu se passer entre les puissances colonisatrices et les pays colonisés.
−−l’attitude plus cynique consistant à assumer leur position de
nouveaux colons et à évacuer tout état d’âme sur les relations entre
anciens colonisateurs et anciens colonisés.