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Critique de N0uNours


C'est l'histoire de Nour, une jeune fille qui vit avec sa nourrice Youmna, une femme sourde et qui parle la langue des signes.
Un jour, Nour se voit contrainte de partir à la recherche de sa mère dans un pays lointain. Nour n'a jamais quitté le lieu où elle a grandi aux côtés de Youmna…

Pourquoi cette histoire m'a-t-elle touchée ?

Cette pièce m'a marquée par les thématiques qu'elle aborde et qui me touchent : le handicap, l'identité de femme et de genre, la naissance, l'exil. Ce sont des thèmes que l'on retrouve dans les débats de sociétés actuels (féminisme, identité, immigration) : “Comment se construit-on quand on est une femme venue d'ailleurs dans un pays que l'on ne connaît pas ?” ; “Qu'est-ce qu'être une femme” ; “Comment le devient-on ?” le voyage de Nour est initiatique, c'est aussi une quête identitaire.

La pièce m'a questionnée et aidée à trouver des réponses à mes propres interrogations.
Ces questions ont un écho en moi qui suis adolescente. Souvent, on prétend que l'on devient une femme le jour où nos premières règles apparaissent. Cette pièce apporte une autre définition. Nour, devenue sage-femme, pratique son premier accouchement : “Le premier jour de ma vie de femme fut une nuit.” Dans l'intimité de la nuit, elle aide une femme à mettre au monde son enfant. Cette citation m'a beaucoup marquée et interpellée. Elle donne une approche inédite et inattendue de la question “Qu'est-ce qu'être une femme ?” La femme qui accouche est sourde. Nour la rassure et lui parle en signant, elle se met à sa portée, elle est proche d'elle. Je me demande alors si, finalement, devenir une femme, cela ne se construit-il pas dans la sororité ?
Cette approche m'a beaucoup émue et j'ai trouvé ce texte extrêmement beau, sensible et poétique.

Le thème du handicap est présent mais ce n'est pas pour autant une pièce sur les sourds. Cela me plaît car les personnages ne se résument pas à leur surdité, ne sont pas enfermés dans cette caractéristique, ils ont plus de profondeur.
Je trouve aussi que la surdité se prête bien au genre théâtral. Il y a le langage parlé, le langage signé, les sens sont mis en avant (ouïe, vue). On peut utiliser toutes les sphères du théâtre : regarder, écouter… La pièce illustre la relation que peuvent entretenir des personnes entendantes et non entendantes : s'accepter et vivre ensemble.
J'aime bien, lorsque je lis une pièce de théâtre, imaginer des mises en scène. Traversée ouvre l'imaginaire - il n'y a pas de lieu précis, de date - et offre des possibilités de mise en scène multiples.

C'est une pièce qui se veut inclusive tout en restant accessible au plus grand nombre. Elle permet d'interroger les spectateurs, de favoriser l'échange entre eux et à ce titre-là, elle peut aider à grandir, que l'on soit enfant ou adulte.
Sûrement aujourd'hui mon texte de théâtre préféré.
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