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Critique de Bazart


Il est sous surveillance depuis 2006 en raison des menaces reçues des organisations criminelles mentionnées dans ses écrits , notamment son explosif Gomorra : Dans l'empire de la Camorra, (adapté au cinéma par Matteo Garrone).
Mais cela n'empêchera pas Roberto Saviano d'être présent sur Lyon la semaine prochaine pour Quais du Polar, pour présenter ses deux premiers romans, "Piranhas" et baiser Féroce qui sort juste après sa venue le 5 avril.
Nous n'avons pas encore pu lire ce dernier, qui est en fait la suite de "Piranhas" mais celui ci est suffisamment puissant et explosif pour justifier sa venue.

Pour ses premiers pas dans la fiction, Saviano plonge le lecteur dans une histoire largement inspirée de faits authentiques, contrairement à ce que me et l'auteur en exergue dans sa préface ( tout ça n'est que de la fiction, ça n'a aucun rapport avec des personnages existants) et montre que l'auteur n'en a pas fini avec les mafieux qui étaient les "héros " de Gomorra et utilise tous les témoignages qu'il a pu recueillir avec elle pour nourrir une fiction particulièrement dense.

"Piranhas" raconte l'histoire d'un gang adolescent (baby-gangs) qui se met à conquérir la ville de Naples, avec des objectifs bien précis, vendre de la coke et tuer tous ceux qui se mettent en obstacle à leur empire, leurs modèles étant les parrains de la Camorra.

Et le personnage principal,c'est le leader du gang Nicolas, 14 ans au début de l'histoire, un malfrat pré pu bère qui n'a qu'une ambition : régner sur Naples. un Nicolas- on pense forcément au prince de Machiavel avec ce prénom qui est tout sauf anodin- dont l'ascension sera fulgurante et forcément violente

Deux seules valeurs animent Nicolas et son gang : l'argent et surtout au delà de tout le pouvoir.

Une ascension que Saviano raconte tambour battant. On apprend notamment comment ces jeunes vont être guidés, contrairement à leurs ainés par la puissance d'internet et comment les réseaux sociaux ont influé dans la création de cette Gomorra 2.0 et comment ces jeunes apprennent à tirer grâces à des tutoriels sur you tube

Ce adolescents ne considèrent pas la mort comme un risque du métier mais une nécessité , plus qu'un horizon.. il faut que ca aille très vite, et que ça soit la mort et avant tout de devenir riche et puissant le plus vite possible, c'est cela qui les rend si passionnants à suivre, et en même temps, terrifiants, forcément terrifiants .

Ces gamins redoutent plus que tout de mener la vie ordinaire de leurs parents, . s'extraire d'une vie moyenne pour embrasser la vie à pleines dents, comme le font les riches et les puissants sur Snapchat et Instagram.

Si Saviano a mis de coté la forme documentaire pour tenter de se mettre totalement dans la tête de ses enfants, et donner un peu d'universalité à ces enfants par le prisme de la fiction, il reste fidèle à un style très sec, frontal, sans lyrisme ni emphase .

De ce fait, son roman parvient tout à fait à se mettre à la place des enfants, d'incarner, de vivre à l'intérieur des enfants.

"Piranhas" est aussi comme les précédents ouvrages de Saviana le portrait saissisant et terrifiant de Naples, ville qui favorise l'éclosion d'une violence dès les premières années de sa naissance : une cité toujours dans le conflit où deux camps se forment très vite "les baiseurs et les baisés", sans qu'une troisième voie soit possible.

Grace à sa méthode basée sur une étude poussée des mafias et son écriture rapide et rythmée, Piranhas se lit avec passion, malgré un regard parfois complaisant de l'auteur sur la description des meurtres gratuits commis par ces baby gangs, et un coté nihiliste, sans espoir de ces jeunes.

L'écriture a quelque chose de très cinématographique et on sera pas étonnés de savoir que le livre a été adapté au cinéma sous le titre La Paranza dei bambini" par Claudio Giovannesi, présenté en compétition au dernier festival de Berlin, avec Roberto Saviano himself en coscénariste.
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