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EAN : 9782072754043
368 pages
Gallimard (04/10/2018)
3.7/5   371 notes
Résumé :
Traduction de "La paranza dei bambini", 2016.

Naples, quartier de Forcella. Nicolas Fiorillo vient de donner une leçon à un jeune homme qui a osé liker des photos de sa copine sur les réseaux sociaux. Pour humilier son ennemi, Nicolas n’est pas venu seul, il s’est entouré de sa bande, sa paranza : ils ont entre dix et dix-huit ans, ils se déplacent à scooter, ils sont armés et fascinés par la criminalité et la violence. Leurs modèles sont les super-hé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (73) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 371 notes
Il est sous surveillance depuis 2006 en raison des menaces reçues des organisations criminelles mentionnées dans ses écrits , notamment son explosif Gomorra : Dans l'empire de la Camorra, (adapté au cinéma par Matteo Garrone).
Mais cela n'empêchera pas Roberto Saviano d'être présent sur Lyon la semaine prochaine pour Quais du Polar, pour présenter ses deux premiers romans, "Piranhas" et baiser Féroce qui sort juste après sa venue le 5 avril.
Nous n'avons pas encore pu lire ce dernier, qui est en fait la suite de "Piranhas" mais celui ci est suffisamment puissant et explosif pour justifier sa venue.

Pour ses premiers pas dans la fiction, Saviano plonge le lecteur dans une histoire largement inspirée de faits authentiques, contrairement à ce que me et l'auteur en exergue dans sa préface ( tout ça n'est que de la fiction, ça n'a aucun rapport avec des personnages existants) et montre que l'auteur n'en a pas fini avec les mafieux qui étaient les "héros " de Gomorra et utilise tous les témoignages qu'il a pu recueillir avec elle pour nourrir une fiction particulièrement dense.

"Piranhas" raconte l'histoire d'un gang adolescent (baby-gangs) qui se met à conquérir la ville de Naples, avec des objectifs bien précis, vendre de la coke et tuer tous ceux qui se mettent en obstacle à leur empire, leurs modèles étant les parrains de la Camorra.

Et le personnage principal,c'est le leader du gang Nicolas, 14 ans au début de l'histoire, un malfrat pré pu bère qui n'a qu'une ambition : régner sur Naples. un Nicolas- on pense forcément au prince de Machiavel avec ce prénom qui est tout sauf anodin- dont l'ascension sera fulgurante et forcément violente

Deux seules valeurs animent Nicolas et son gang : l'argent et surtout au delà de tout le pouvoir.

Une ascension que Saviano raconte tambour battant. On apprend notamment comment ces jeunes vont être guidés, contrairement à leurs ainés par la puissance d'internet et comment les réseaux sociaux ont influé dans la création de cette Gomorra 2.0 et comment ces jeunes apprennent à tirer grâces à des tutoriels sur you tube

Ce adolescents ne considèrent pas la mort comme un risque du métier mais une nécessité , plus qu'un horizon.. il faut que ca aille très vite, et que ça soit la mort et avant tout de devenir riche et puissant le plus vite possible, c'est cela qui les rend si passionnants à suivre, et en même temps, terrifiants, forcément terrifiants .

Ces gamins redoutent plus que tout de mener la vie ordinaire de leurs parents, . s'extraire d'une vie moyenne pour embrasser la vie à pleines dents, comme le font les riches et les puissants sur Snapchat et Instagram.

Si Saviano a mis de coté la forme documentaire pour tenter de se mettre totalement dans la tête de ses enfants, et donner un peu d'universalité à ces enfants par le prisme de la fiction, il reste fidèle à un style très sec, frontal, sans lyrisme ni emphase .

De ce fait, son roman parvient tout à fait à se mettre à la place des enfants, d'incarner, de vivre à l'intérieur des enfants.

"Piranhas" est aussi comme les précédents ouvrages de Saviana le portrait saissisant et terrifiant de Naples, ville qui favorise l'éclosion d'une violence dès les premières années de sa naissance : une cité toujours dans le conflit où deux camps se forment très vite "les baiseurs et les baisés", sans qu'une troisième voie soit possible.

Grace à sa méthode basée sur une étude poussée des mafias et son écriture rapide et rythmée, Piranhas se lit avec passion, malgré un regard parfois complaisant de l'auteur sur la description des meurtres gratuits commis par ces baby gangs, et un coté nihiliste, sans espoir de ces jeunes.

L'écriture a quelque chose de très cinématographique et on sera pas étonnés de savoir que le livre a été adapté au cinéma sous le titre La Paranza dei bambini" par Claudio Giovannesi, présenté en compétition au dernier festival de Berlin, avec Roberto Saviano himself en coscénariste.
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On ne présente plus Roberto Saviano, cet écrivain d'un courage inouï qui s'est élevé contre les pratiques mafieuses en Italie notamment celle de la camorra à Naples. Il vit aujourd'hui sous protection policière car sa vie est menacée depuis « Gomorra », l'enquête phénomène sur la camorra qui s'est vendu à des millions d'exemplaires. Pour son premier roman « Piranhas« , paru aux éditions Gallimard en 2018, Saviano nous plonge au coeur de la violence urbaine des clans camorristes et de ce nouveau phénomène que sont dans le milieu criminel napolitain ceux que l'on appelle les Baby-gangs. Nous sommes à Naples, dans le quartier de Forcella, bastion mafieux où la pauvreté et un chômage endémique pousse beaucoup de ces jeunes désoeuvrés à choisir la camorra plutôt que de suer comme leurs parents pour un travail légal et peu valorisé, Bien sûr, tous ne sautent pas le pas vers la grande criminalité mais le jeune Nicolas Fiorillo lui n'a qu'une idée en tête : se faire une place et entouré de sa bande de potes fonder sa paranza, son clan, sa « famille ». Lorsque son professeur de lettre lui demande en classe, lieu qu'il fréquente rarement, quel auteur il a aimé lire, Nicolas répond du tac au tac Machiavel. Et lorsqu'on lui demande pourquoi, sa réponse fuse : pour le pouvoir, pour dominer, pour être fort. Dans l'idéal, l'imaginaire de ces gamins nourris à la violence depuis leur plus jeune âge, on n'a plus peur ni des carabinieri, ni de la prison qui est vue comme une étape nécessaire pour grandir et prendre sa place au sein de la paranza. Cette parenza justement est fantasmée par ces gamins tous frères et qui pourtant n'hésitent jamais à s'entre-tuer pour un regard, une fille, un deal. le fric, la drogue, le sexe, une vie chaotique, les agressions, le racket ou pizzo l'impôt mafieux payé par tous les commerçants de Naples ou presque en échange d'une protection du clan, les morts qu'on enterrent, ces gamins détruits par la came, la mégalomanie, des rêves d'un code de l'honneur qui au fond n'est qu'une supercherie de plus. Ces gosses ne respectent rien et surtout pas leurs aînés camorristes car dans la camorra il n'y a pas d'organisation verticale comme dans Cosa Nostra en Sicile. A Naples, dès qu'un parrain est arrêté, d'autres sont prêts à prendre sa place. Les clans se battent pour une ruelle, une place de deal. La violence extrême, l'absence de moral, de scrupule sont autant de signes distinctifs pour les définir. C'est dans ce grand chaos, que Nicolas qui n'a peur de rien va gravir les échelons pour devenir un jeune homme craint de tous. Mais déjà les échos d'une guerre longue et interminable entre clans se lèvent à l'horizon. Les forts doivent dominer les faibles, ceux qui s'opposent à la parenza doivent être éliminés. Un livre qui sonde les coeurs sombres de ces gamins perdus et qui mourront pour la plupart avant trente ans. le style est incisif, l'action menée tambour battant. le souffle court, on s'enfonce dans ces ruelles, ces quartiers, ces places. La violence est partout, elle explose de tous les côtés, la trahison, la vengeance et la mort. Un roman puissant, servi par une écriture qui nous emporte pour ne plus nous lâcher. Roberto Saviano réussit une nouvelle fois à nous couper le souffle en décrivant de façon vertigineuse « le système » et le chaos qui lui est inhérent.
Lien : https://thedude524.com/2020/..
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Ce que j'ai ressenti:
« La seule limite, c'est le ciel. »

Irradier d'audace à Forcella…
Nicolas Fiorillo et sa bande veulent le pouvoir, l'argent, le respect de Naples. Se frotter aux plus grands criminels, marcher dans les pas de la Camorra, souffler un nouveau vent de violence dans les rues de Forcella. La Paranza dei Bambini s'immisce comme la mer, en une vague rouge, virulente et sans peur, dans les plazza de la ville italienne. Leurs âges: entre 10 et 19 ans…Des enfants…Des petits Piranhas qui veulent se faire une place au soleil, avec de la blanche écume à portée de nez, des embruns de billets verts, des tempêtes de poudre noire, et de rouge craintes à faire jaillir…Les baby-gangs est le nouveau fléau, une toute nouvelle forme d'agressivité née de cette génération surexposée aux influences néfastes d'Internet, un nouvel essor de banditisme insoupçonné, qui fait ravage.

« -Pour devenir un enfant j'ai mis dix ans. Pour te mettre une balle dans la tronche je mettrai pas plus d'une seconde. »

Résister encore, et encore…
Roberto Saviano écrit, au péril de sa vie. Cela change énormément les perspectives de mon ressenti de lecture. 12 ans qu'il est sous protection policière, parce qu'il a osé dénoncer les agissements de la mafia. Ce n'est pas une vie, et pourtant, il ose défier la mort, en écrivant. Résister, toujours, avec une plume à la main, c'est terriblement courageux. Il nous revient, cette fois ci, avec un roman, engagé, pour parler d'un phénomène criminel en pleine croissance, et qui risque de prendre sa place dans les grandes villes, si nous n'y prenons pas garde…C'est en tout cas, toute l'appréhension que Roberto Saviano redoute…Il essaye de nous faire prendre conscience qu'entre sa fiction et la réalité, la ligne est très fine, à une maille de filet presque, parce que la détermination de ses paranza, il l'a vu dans leurs yeux, ils n'attendent rien, ces gamins: la mort est un capital pour eux, un but à atteindre…

« L'amour est un lien qui se brise. La peur n'abandonne jamais. »

Toute l'Italie est là…
J'aurai toujours une tendresse particulière à lire de la littérature italienne. Roberto Saviano, dépeint une Italie de toutes les passions, avec des mots qui claquent, des gestes qui heurtent, mais des coeurs enfiévrés d'amour…Ils n'ont pas peur de leurs sentiments, ils vibrent d'une intensité dévorante. En choisissant de romancer ce sujet très sensible, l'auteur nous permet de comprendre ce qui anime ses personnages, de rentrer plus intimement dans leurs émotions contrariées, de saisir un peu de leur fougue…Et c'est tout ce que j'adore retrouver dans l'Italie, ces liens d'amours, leurs regards fiers, les éclats de leurs vies…

« Ici, c'est comme ça : quand des gens se disputent, tout le monde le sait, tout le monde doit le savoir. Chaque insulte, chaque voix, chaque cri aigu rebondit sur le pavé des ruelles habitué aux escarmouches entre amoureux. »

Déployer ses ailes…
Piranhas est un premier tome d'un diptyque, qui voit s'élever un ange blond… Nicolas, avec l'insolence de sa jeunesse et la fureur de son ambition, est un héros qui n'a pas froid aux yeux, brûle de conquérir la ville, glace d'effroi ses ennemis, incendie le coeur de sa belle…En quelques faits, et surtout en pires méfaits, il devient un roi, Maharaja, maintient sous sa coupe un gang de gamins inconscients encore ébahis devant des films de vengeance mafieuse, et déverse un flot de sang hargneux et gerbes de balles sifflantes…Mais, il faut savoir que le sang appelle toujours le sang, et dans ses milieux, les faits de violence sont toujours exponentiels…Et cela, Nicolas, va l'apprendre dans son expérience de petit parrain des temps modernes, à l'ère de WhatsApp et de Youtube….

Même si, je suis curieuse de lire la suite de ces aventures napolitaines, je reste encore terriblement choquée de l'impact de cette lecture. Je n'arrive pas à assimiler qu'on soit à l'aube de ce monde là: des enfants mafieux…C'est effrayant…

Ce livre est un uppercut!

« On pense toujours sont pour les adultes, mais plus jeune est la main qui manipule le chien, le chargeur et le canon, plus le fusil, la mitraillette le pistolet ou même la grenade est efficace. (…). Les armes sont faites pour les jeunes, pour les enfants. C'est vrai sous toutes les latitudes. »



Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Ce roman se lit par bouchée, un morceau à la fois. Il m'est difficile d'en parler, je ne sais trop qu'en dire, il m'a laissée bouche bée. Dès que l'on commence l'histoire, on se doute que l'issue ne peut être heureuse. Que cela va se terminer dans un mur. Bien que pas si long à lire, c'est une histoire dure, crue, empreinte de violence. de violence gratuite, surtout. Son titre lui colle bien. Piranhas, un monde où le plus fort gagne. Un monde dans lequel celui-ci bouffe les plus petits sans aucuns scrupules.

De nos jours. Nous sommes dans le quartier de Forcella, à Naples. Une bande de onze jeunes garçons se mettent en tête de devenir les prochains « parrains » de la place. Les « anciens » sont tous soit vieux, soit déchus, soit morts ou en prison. Nicolas Fiorillo (dit Maharaja), le chef de la bande et le plus âgé, est la tête pensante du groupe, celui qui est le mieux organisé. C'est lui qui embarque tous les autres dans sa paranza. Tous sont d'âge mineur. Ceci ne les empêchera nullement de commettre tous les délits possibles; vols, règlements de comptes, harcèlement, trafic de drogue, possession d'armes d'assauts, trahisons, meurtres. Ces jeunes n'ont d'autre but que de devenir les meilleurs, les plus puissants, les plus dangereux, les plus craints. Ils ne veulent travailler pour personne, n'être la main de personne. Ce qu'ils veulent, c'est régner. Il n'y a point de morale, en dehors de la leur. Ils n'ont de respect pour rien ni personne en dehors de leur groupe, la paranza.

« Désormais, tous les gars dans l'appartement étaient devenus frères de sang. Et quand on est frères de sang, impossible de revenir en arrière. Les destins s'unissent aux règles. On vit et on meurt suivant sa capacité à rester dans le cadre de ces règles. »

« Il avait besoin de se donner cette dimension criminelle; même quand il était seul il la recherchait. Une leçon qu'il avait apprise sans l'aide de personne, sa version de la maxime des super-héros américains qui dit : ‘Vis dès maintenant la vie que tu voudrais vivre', alors qu'il ne l'avait lue nulle part. Au fond, il espérait être placé sur écoute, c'était mieux que le dernier rang de n'importe quelle organisation camorriste au bout du rouleau. Autour de lui, Nicolas ne voyait que des territoires à conquérir, des possibilités à exploiter. Il l'avait compris tout de suite et ne voulait pas attendre d'être plus grand. Il se fichait d'avancer étape par étape, se fichait des hiérarchies. »

Hors de question pour eux de vivre une vie « normale », une vie de leur âge. Ils puisent leurs idées sur le Net, s'inspirent de leurs héros de jeux vidéos, de leurs films et séries télés préférées et bien sûr, des réseaux sociaux, la crème de la crème. C'est en jouant à des jeux et en regardant YouTube qu'ils apprennent à tirer…

J'ai été effrayée et choquée de voir à quel point ce phénomène de gang pouvait aller loin. Comment ça débute et insidieusement, les emmène sur des routes de plus en plus sombres et tortueuses. Comment ils se piègent eux-mêmes. Ça m'a fait un effet que je ne peux décrire d'imaginer un enfant de 10 ans avec un AK-47 en mains prêt à tirer froidement sur n'importe qui alentour juste parce que quelqu'un de plus fort et en plus haute position le lui demande…juste pour impressionner et surtout, montrer qu'il a des couilles. Dans mes yeux d'adulte, je suis incapable de concevoir cela et pourtant, ces situations arrivent pour de vrai. Les gangs de rue, les motards, la mafia, etc. Un milieu où il n'en ressort rien de bon.

« - Pour devenir un enfant j'ai mis dix ans. Pour te mettre une balle dans la tronche je mettrai pas plus d'une seconde.' le déclic du Desert Eagle a été comme un cliché instantané dans la pièce. »

« Piranhas » aborde donc le sujet des « baby-gangs », un thème que je ne connaissais pas beaucoup autrement qu'en surface. Ce roman va bien en profondeur, brasser des émotions peu agréables et fait planer un grand sentiment de malaise.

En gros, c'est un roman bien rédigé, que je ne relirais sans doute pas car ce n'est pas un univers plaisant où nager mais je suis bien heureuse de l'avoir lu une fois pour savoir comment cela fonctionne dans ces gangs. Les personnages principaux et secondaires (très nombreux) sont fictifs mais fort crédibles (je les ai tous haïs) et le milieu social qui les a engendrés est réel. Toutefois, il y a tellement de personnages (noms et surnoms) qu'on y perd son latin.

Bref, un roman à lire qui a plus la fonction d'instruire que de divertir. Je pense que je vais m'en rappeler longtemps. Ça débute fort et cru tout de suite en partant et il n'y a pas de temps morts. Roberto Saviano est un auteur à retenir ! Je compte bien lire ses autres romans.
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Roberto Saviano a délaissé les enquêtes cette fois pour se lancer dans un roman à propos d'une bande de jeunes, âgés entre 10 et 18 ans, qui ont réussi à terroriser la ville de Naples en appliquant les méthodes de leurs aînés dont les meneurs étaient momentanément emprisonnés. Dans le titre original, apparaît le terme de paranza reprit souvent au cours du récit. Ce mot désigne ces bateaux qui pêchent la nuit en étourdissant les poissons avec de la lumière. Par extension, il désigne un groupe qui impose sa loi dans un quartier en contrôlant le trafic de drogue ou en extorquant de l'argent par la menace, l'intimidation, la violence.
Gomorra puis Extra-Pure étaient de terribles constats dont il me semble peu de leçons ont été tirées mais voilà que Piranhas est glaçant de violence car, l'auteur le confirme : « les personnages et les faits sont imaginaires, mais le milieu et la réalité sociale qui les ont produits sont authentiques. »
Ils ont tous des surnoms, dépendent encore de leurs parents, sont toujours scolarisés, en principe, mais chacun possède son scooter et c'est un formidable moyen pour circuler, s'échapper, séduire les filles et cet engin emmène plusieurs fois le lecteur dans de folles équipées en plein coeur de Naples : « À Naples, rouler signifie dépasser partout, sans se soucier des routes barrées, des sens interdits, des zones piétonnes. »
Cette lecture m'a emmené dans un véritable enfer, une histoire folle, souvent compliquée, embrouillée comme peuvent l'être ces réseaux mafieux prêts à tout pour prendre le pouvoir et ramasser le plus d'argent possible.
Dans cette ville à la population très dense, aux ruelles souvent inextricables, tout est possible malgré la police et les conséquences judiciaires des arrestations. Ces jeunes enfants-ados, emmenés par un garçon prêt à tout, d'une intelligence acérée, n'ont peur de rien, ne respectent même pas la vie, sèment la terreur jusqu'à ce que celle-ci frappe les êtres qui leur sont chers.
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critiques presse (5)
LaLibreBelgique
10 avril 2019
Il donne avec Baiser féroce une suite noire et sanglante à sa mafia d’enfants.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeSoir
22 octobre 2018
Avec « Piranhas », Roberto Saviano signe un premier roman aussi passionnant que terrifiant.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeMonde
12 octobre 2018
L’écrivain italien, auteur de « Gomorra », signe aujourd’hui un premier roman, « Piranhas », qui suit une bande de jeunes criminels napolitains. Percutant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
09 octobre 2018
Le journaliste napolitain Roberto Saviano ne se laisse pas impressionner par les menaces reçues par la mafia napolitaine depuis son livre-enquête Gomorra. Avec Piranhas, il récidive sous la forme d’un premier roman basé sur des faits réels, dit-il.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
08 octobre 2018
L’écrivain italien signe un premier roman très inspiré de faits réels, « Piranhas », qui témoigne de l’apparition, à Naples, de gangs de très jeunes mafieux.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (111) Voir plus Ajouter une citation
Mange-merde

« Qu’est-ce que t’as à me regarder ?
— C’est bon, je te calcule pas.
— Alors pourquoi tu me mates ?
— Oh, mon frère, tu te trompes de bonhomme, j’en ai rien à foutre, moi ! »
Renatino était avec les autres, ils l’avaient repéré depuis longtemps dans cette forêt de corps, et quand il l’a compris ils étaient déjà quatre sur lui. Le regard est un territoire, une patrie. Regarder quelqu’un, c’est comme entrer chez lui par effraction. Fixer quelqu’un dans les yeux, c’est l’envahir. Ne pas les détourner, c’est affirmer son pouvoir.
Ils étaient installés au centre de la petite place enserrée dans un golfe d’immeubles, avec une seule voie d’accès, un seul café au coin et un unique palmier qui suffisait à lui donner une touche exotique. Cet arbre planté dans quelques mètres carrés de terre modifiait la vision qu’on avait des façades, des fenêtres et des portails, comme si le vent l’avait déposé sur la Piazza Bellini.
Aucun d’eux n’avait plus de seize ans. En s’approchant, chacun respirait l’haleine de l’autre. Le duel s’annonçait. Les yeux dans les yeux, prêt à fracasser le nez de l’autre d’un coup de tête. Mais Briato est alors intervenu, il s’est placé entre eux, un mur qui dessinait une frontière. « Tu veux toujours pas fermer ta gueule ? Tu continues ! Putain, même pas tu baisses les yeux… »

En effet, Renatino ne baissait pas les yeux de honte, mais s’il avait pu faire un geste de soumission, il se serait volontiers exécuté. Baisser la tête et même s’agenouiller. Il était seul contre plusieurs adversaires, et quand il faut vattere quelqu’un, le code de l’honneur ne compte pas. En napolitain, vattere ne signifie pas simplement frapper. Comme souvent avec la langue de la chair, c’est un verbe dont le sens déborde. Frapper, c’est ce que fait un policier, un enseignant. En revanche, vattere, c’est le geste de la mère, du père ou du grand-père, de la petite amie qui vous a surpris à lorgner une autre fille avec trop d’insistance.
Vattere, on le fait avec toute la force qu’on a, mû par un profond ressentiment et sans respecter aucune règle. Surtout, on le fait avec une sorte de proximité ambiguë, car il s’agit toujours de quelqu’un qu’on connaît. Les autres, on les cogne, on les frappe. On le fait avec ceux qui nous sont proches,
physiquement, culturellement ou affectivement, ceux qui font partie de notre vie. Ceux qui ne sont rien pour nous, on les frappe et c’est tout.
« Tu likes les photos de Letizia, tu fous tes commentaires partout et tu me mates sur la place ? » l’a accusé Nicolas. Tandis qu’il parlait, les aiguilles noires qu’il avait à la place des yeux transperçaient Renatino tel un insecte.
« Je te mate pas. Et si Letizia met ses photos en ligne, ça veut dire que je peux les liker et foutre des commentaires.
— Et donc, d’après toi, je devrais pas te vattere ?
— Eh, Nicolas, tu me casses les couilles. »
Nicolas s’est mis à le bousculer et à le secouer : les pieds de Renatino trébuchaient dans ceux qui l’encerclaient, son corps rebondissait sur les types qui faisaient mur devant Nicolas comme sur les bandes d’une table de billard. Briato l’a poussé vers Drago, qui l’a pris par un bras et jeté contre Tucano.
Celui-ci a fait mine de lui mettre un coup de boule, puis il l’a renvoyé vers Nicolas. Qui avait une meilleure idée.
« Eh, qu’est-ce que vous foutez ? Eh ! »
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Le mot paranza vient de la mer. Lorsqu’on a vu le jour sur la côte, on connaît plus d’une mer. On est pris par elle, baigné, envahi, subjugué par elle. On peut passer toute sa vie ailleurs, elle continue à vous imprégner. Lorsqu’on a vu le jour sur la côte, on sait qu’il y a la mer du travail, la mer des départs et des retours, la mer dans laquelle se déversent les égouts, la mer qui isole. Le cloaque, l’issue de secours, la mer barrière infranchissable. Il y a la mer la nuit. La nuit, on sort pêcher. Dans un noir d’encre. Des blasphèmes et aucune prière. Le silence. Rien que le bruit du moteur. Petits et vermoulus, deux bateaux s’éloignent, si pleins que le poids de leurs phares suffirait à les faire couler. L’un se dirige vers la droite, l’autre vers la gauche, les phares avant qui servent pour attirer les poissons. Les phares. Lumières aveuglantes, électricité salée. Des éclats violents qui transpercent l’eau sans la moindre grâce et parviennent tout au fond. Ils effraient, les fonds marins, c’est comme voir où tout s’achève. N’y a-t-il que cela ? Ce mélange de pierres et de sable qui recouvre l’immensité ? Rien de plus ?
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Mange-merde

« Qu’est-ce que t’as à me regarder ?
— C’est bon, je te calcule pas.
— Alors pourquoi tu me mates ?
— Oh, mon frère, tu te trompes de bonhomme, j’en ai rien à foutre, moi ! »
Renatino était avec les autres, ils l’avaient repéré depuis longtemps dans cette forêt de corps, et quand il l’a compris ils étaient déjà quatre sur lui. Le regard est un territoire, une patrie. Regarder quelqu’un, c’est comme entrer chez lui par effraction. Fixer quelqu’un dans les yeux, c’est l’envahir. Ne pas les détourner, c’est affirmer son pouvoir.
Ils étaient installés au centre de la petite place enserrée dans un golfe d’immeubles, avec une seule voie d’accès, un seul café au coin et un unique palmier qui suffisait à lui donner une touche exotique. Cet arbre planté dans quelques mètres carrés de terre modifiait la vision qu’on avait des façades, des fenêtres et des portails, comme si le vent l’avait déposé sur la Piazza Bellini.
Aucun d’eux n’avait plus de seize ans. En s’approchant, chacun respirait l’haleine de l’autre. Le duel s’annonçait. Les yeux dans les yeux, prêt à fracasser le nez de l’autre d’un coup de tête. Mais Briato est alors intervenu, il s’est placé entre eux, un mur qui dessinait une frontière. « Tu veux toujours pas fermer ta gueule ? Tu continues ! Putain, même pas tu baisses les yeux… »
En effet, Renatino ne baissait pas les yeux de honte, mais
s’il avait pu faire un geste de soumission, il se serait volontiers
exécuté. Baisser la tête et même s’agenouiller. Il était seul
contre plusieurs adversaires, et quand il faut vattere quelqu’un,
le code de l’honneur ne compte pas. En napolitain, vattere
ne signifie pas simplement frapper. Comme souvent avec la
langue de la chair, c’est un verbe dont le sens déborde. Frapper,
c’est ce que fait un policier, un enseignant. En revanche,
vattere, c’est le geste de la mère, du père ou du grand-père,
de la petite amie qui vous a surpris à lorgner une autre fille
avec trop d’insistance.
Vattere, on le fait avec toute la force qu’on a, mû par un
profond ressentiment et sans respecter aucune règle. Surtout,
on le fait avec une sorte de proximité ambiguë, car il s’agit
toujours de quelqu’un qu’on connaît. Les autres, on les cogne,
on les frappe. On le fait avec ceux qui nous sont proches,
physiquement, culturellement ou affectivement, ceux qui font
partie de notre vie. Ceux qui ne sont rien pour nous, on les
frappe et c’est tout.
« Tu likes les photos de Letizia, tu fous tes commentaires
partout et tu me mates sur la place ? » l’a accusé Nicolas. Tandis
qu’il parlait, les aiguilles noires qu’il avait à la place des
yeux transperçaient Renatino tel un insecte.
« Je te mate pas. Et si Letizia met ses photos en ligne, ça
veut dire que je peux les liker et foutre des commentaires.
— Et donc, d’après toi, je devrais pas te vattere ?
— Eh, Nicolas, tu me casses les couilles. »
Nicolas s’est mis à le bousculer et à le secouer : les pieds de
Renatino trébuchaient dans ceux qui l’encerclaient, son corps
rebondissait sur les types qui faisaient mur devant Nicolas
comme sur les bandes d’une table de billard. Briato l’a poussé
vers Drago, qui l’a pris par un bras et jeté contre Tucano.
Celui-ci a fait mine de lui mettre un coup de boule, puis il l’a
renvoyé vers Nicolas. Qui avait une meilleure idée.
« Eh, qu’est-ce que vous foutez ? Eh ! »
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Forcella, c'est de la matière à cours d'histoire. De la matière vivante. De la chair.
Le sens de ce nom est là, dans le pli des ruelles qui le sillonnent tel un visage battu par les vents. Forcella. La fourche. Deux branches. On sait d'où on vient mais pas où on arrive, ni même si on y arrive. Une route symbole. De mort et de résurrection.
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On pense toujours sont pour les adultes, mais plus jeune est la main qui manipule le chien, le chargeur et le canon, plus le fusil, la mitraillette le pistolet ou même la grenade est efficace. (…). Les armes sont faites pour les jeunes, pour les enfants. C’est vrai sous toutes les latitudes.
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Vidéo de Roberto Saviano
"Mon ambition est de me venger envers ceux qui m'obligent à vivre ainsi." Roberto Saviano est un homme qui refuse de se taire. Il en paie le prix : depuis 2006, le journaliste italien est menacé de mort par la mafia et vit sous protection policière 24h sur 24.
Dans son nouveau livre “Crie le !”, il dresse le portrait de journalistes qui ont mis leur corps au service de la recherche de la vérité. Rencontre.
#mafia #justice #italie ________
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Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
812 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

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