"L'amour est un lien qui se brise. La peur n'abandonne jamais."
-Pour devenir un enfant j’ai mis dix ans. Pour te mettre une balle dans la tronche je mettrai pas plus d’une seconde.
On pense toujours sont pour les adultes, mais plus jeune est la main qui manipule le chien, le chargeur et le canon, plus le fusil, la mitraillette le pistolet ou même la grenade est efficace. (…). Les armes sont faites pour les jeunes, pour les enfants. C’est vrai sous toutes les latitudes.
Entrer dans ce camp était comme marcher sur une fourmilière: les gens s'approchaient par dizaines, comme les fourmis qui vous grimpent sur un pied, sur la cheville et le long du mollet afin de défendre leur territoire.
Le mot paranza vient de la mer. Lorsqu’on a vu le jour sur la côte, on connaît plus d’une mer. On est pris par elle, baigné, envahi, subjugué par elle. On peut passer toute sa vie ailleurs, elle continue à vous imprégner. Lorsqu’on a vu le jour sur la côte, on sait qu’il y a la mer du travail, la mer des départs et des retours, la mer dans laquelle se déversent les égouts, la mer qui isole. Le cloaque, l’issue de secours, la mer barrière infranchissable. Il y a la mer la nuit. La nuit, on sort pêcher. Dans un noir d’encre. Des blasphèmes et aucune prière. Le silence. Rien que le bruit du moteur. Petits et vermoulus, deux bateaux s’éloignent, si pleins que le poids de leurs phares suffirait à les faire couler. L’un se dirige vers la droite, l’autre vers la gauche, les phares avant qui servent pour attirer les poissons. Les phares. Lumières aveuglantes, électricité salée. Des éclats violents qui transpercent l’eau sans la moindre grâce et parviennent tout au fond. Ils effraient, les fonds marins, c’est comme voir où tout s’achève. N’y a-t-il que cela ? Ce mélange de pierres et de sable qui recouvre l’immensité ? Rien de plus ?
Forcella, c'est de la matière à cours d'histoire. De la matière vivante. De la chair.
Le sens de ce nom est là, dans le pli des ruelles qui le sillonnent tel un visage battu par les vents. Forcella. La fourche. Deux branches. On sait d'où on vient mais pas où on arrive, ni même si on y arrive. Une route symbole. De mort et de résurrection.
La famille est sacrée [...] c'était son identité, et on ne change pas le sang qu'on a dans les veines, n'est-ce pas ? On est né avec et on meurt avec.
A Naples, on ne grandit pas : On nait dans la réalité et on la découvre peu à peu.
La ville est couronnée par des immeubles de deux, trois, quatre étages au maximum, construits sans permis et toujours en attente d'amnistie, qui ont fini par former de véritables villages.
[...] l'Histoire ne compte pas, mon pote, maintenant tu le sauras. Justes et injustes, bons et mauvais, tous pareils. Sur son mur Facebook, il les avait alignés, le Duce hurlant à la fenêtre, le roi des Gaules s'inclinant devant César, Mohamed Ali qui aboie contre son adversaire étendu au sol. Forts ou faibles : c'est la seule vraie distinction. Et il savait de quel côté il fallait être.