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Critique de Foxfire


Steven Saylor est connu pour ses romans policier historiques se déroulant dans la Rome antique. C'est un auteur que j'ai envie de découvrir depuis longtemps, surtout depuis que j'ai lu de très bonnes critiques sur cette série romaine par mon amie Tatooa. Mais comme je ne fais jamais rien comme prévu, c'est par un tout autre biais que je découvre Saylor. Il semble qu'il n'ait écrit qu'un seul texte de science-fiction et c'est avec celui-ci que je fais la connaissance de l'auteur. Il faut dire que « insecticide » est sorti dans la collection Dyschroniques du Passager clandestin et j'aime beaucoup cette collection.

Cette courte lecture a été très plaisante. « Insecticide » a été écrit en 86 mais il aurait tout aussi bien pu avoir été publié dans les années 70. Non pas qu'il soit daté, bien au contraire, mais parce qu'il se situe dans une veine de thriller paranoïaque qui a connu son apogée dans les années 70, tout particulièrement au cinéma, il y a une foultitude de films de ce genre qui sont sortis durant ces années-là, et certains vraiment très bons (« à cause d'un assassinat », « conversation secrète », « complot à Dallas », « le syndrome chinois »… et j'en passe). C'est donc pour moi une qualité pour un récit parano que de rappeler l'âge d'or de ce genre. En effet, dans ce registre, « insecticide » fonctionne très bien. L'argument est intéressant et l'intrigue bien menée. Je regrette simplement la brièveté du récit. Ce type de sujet fonctionne encore mieux, selon moi, sur un format plus long permettant un crescendo dans le sentiment paranoïaque. Mais malgré ce bémol « insecticide » est un bon récit, efficace et prenant.

Le petit dossier qui accompagne la nouvelle est de bonne qualité également. Il a l'intelligence de ne pas se montrer simpliste. En effet, s'il est bien utile de pointer du doigt la dangerosité de certaines théories du complot, il est toujours utile de rappeler que ces théories ne proviennent pas de nulle part. Je suis tout autant agacée par ceux qui vilipendent sans nuance les complotistes dans leur ensemble que par les complotistes eux-mêmes. Il me semble qu'on est tous plus ou moins un peu complotiste et qu'il y a bien des raisons d'être parfois méfiants vis-à-vis des gouvernants. Franchement, est-ce qu'il y a encore beaucoup de gens qui croient à la thèse officielle d'Oswald en tant que coupable isolé dans l'assassinat de Kennedy ? Et puis, lorsqu'on voit de quoi ont été capables certaines instances officielles vis-à-vis de civils, il me semble qu'il n'est pas absurde d'être un brin méfiant. Je pense notamment au projet MK Ultra (qui est d'ailleurs évoqué dans le petit dossier documentaire). Pour ceux qui ne sauraient pas de quoi il s'agit, le projet MK ultra est une série d'expérimentations menées, des années 50 aux années 70, par la CIA visant à développer la manipulation mentale, notamment par l'usage de drogues. Dans le cadre de ces expérimentations, de nombreuses personnes ont été utilisées comme cobayes sans qu'on leur ait demandé leur consentement (notamment dans des prisons ou des hôpitaux psychiatriques). Il y a eu plusieurs commissions d'enquête et, lorsqu'il était président, Clinton s'était excusé publiquement au sujet de ces expériences, ce qui ne laisse aucun doute quant au fait qu'il s'est vraiment passé des choses graves.

« Insecticide » est une nouvelle preuve de la qualité éditoriale de cette collection Dyschroniques qui brille par la diversité des textes proposés.
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