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Critique de MaxSco


Puissants et magnifiques chevaux lancés à plein galop, naseaux ouverts, buveurs de vent, cavaliers debout sur leurs étriers, bras en croix, défiant le monde et hurlant leur bonheur de centaures. Ivresse, liberté, osmose avec le cheval, bruit régulier des sabots derrière elle, Sonia, à l'aube de ces journées-là, est une reine.

@Cavaler seule, deux mots et toute une vie.

Qu'elle soit lad ou entraineuse, dans une écurie de courses ou une autre, Sonia ne cesse de courir. Journées et nuits trop courtes. 24 heures, ce n'est jamais assez. Sonia cavale seule, dans un milieu hostile et sexiste. Elle abat le même travail que les hommes. Comme eux, elle a été bizutée. Plus qu'eux, elle a dû faire ses preuves. Comme femme, rien ne lui a été épargné. Courageuse et volontaire, elle n'a cessé de se battre pour imposer le respect. Dans cet environnement où pas mal de frapadingues dangereux traînent leurs guêtres, elle a dû apprendre à faire attention, Sonia, à se défendre aussi. Dans cet univers âpre et rude, elle a eu l'élégance de garder le sens de l'humour et de l'autodérision

Les parents de Sonia, peu fortunés, l'ont toujours aidée et soutenue dans le choix de ce travail dur, exigeant, ingrat mais indispensable à leur fille. Cette passion des chevaux qui la tient debout depuis toujours, dans un monde qui n'est tendre ni avec les femmes ni avec les bêtes.

Toute sa vie dédiée aux chevaux, Sonia l'a racontée à @Kathryn Scalan et de toutes ces interviews est né @Cavaler seule. La talentueuse écrivaine se fait discrète et c'est la parole de Sonia que nous entendons. Rythme, débit, sentiment d'urgence, c'est très réussi. La restitution de @Kathryn Scanlan est brillante. de temps en temps, quelques digressions de Sonia font effet de soupape et donnent l'impression d'une conversation intime.

Mon mari, homme de cheval, m'a expliqué un jour, alors que j'étais choquée de voir rentrer de promenade un de ses chevaux fourbu et trempé de sueur, qu'il y avait une différence entre les gens qui aimaient l'équitation et utilisaient les chevaux comme des outils et ceux qui aimaient les chevaux.

Dans le monde des courses, les chevaux ne sont qu'un moyen pour gagner de l'argent et flatter l'ego de leurs propriétaires. Et dans cette optique, ces derniers sont prêts à tout. Sonia les connaît, ces gens assoiffés de victoires, ne voulant pas entendre ses conseils et faisant courir un cheval quitte à l'abîmer à jamais, utilisant parfois, des méthodes plus ou moins licites. Sonia n'a pas la main face aux propriétaires mais elle ne participe pas à ce qui pourrait blesser ou être fatal à un animal. Elle sait que ces gens avides useront leurs chevaux jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus être vendus qu'au kilo, au prix de l'abattoir.
La voiture de course est cassée. On s'en débarrasse. On ne fait pas de sentiment dans ce monde-là.

Sonia, elle, est sur l'autre rive. Elle aime les chevaux et toujours elle fait de son mieux, du mieux possible. Pour eux. D'un regard, elle sait comment ils vont, s'ils sont en forme ou pas. La compréhension qu'elle en a est magnifique. Cette amoureuse des chevaux nous dit qu'elle leur ferait plus confiance qu'aux hommes. Pas une confiance totale, cela n'existe pas mais à la différence de celles des hommes, les réactions des chevaux sont bien plus prévisibles.

Elle ne se plaint jamais, Sonia. Dans le monde des courses, l'argent circule mais l'argent n'est pas son moteur. Sa richesse, c'est est de vivre auprès des chevaux et pour elle, dormir dans un camping-car à la place d'un box, c'est déjà un luxe. Ce qu'elle ressent avec les chevaux côtoie un bonheur grandiose et indicible, une majesté de vie. Et cela vaut tout l'or du monde.

Je l'ai admirée, Sonia, pour sa force de caractère ; je m'y suis attachée pour son amour inconditionnel des chevaux ; j'ai détesté le peu de considération que l'on avait pour elle. J'ai détesté aussi ce manque de considération à l'égard des chevaux. Ici ou ailleurs, d'une décennie à l'autre, rien ne change. On n'évoque que très rarement la maltraitance animale dans les disciplines équestres. le cheval est le parent pauvre de la cause animale. Pour terminer sur une note plus gaie, j'ai adoré retrouver, de temps à autre, des expressions à la syntaxe douteuse mais que reconnaissent les gens de chevaux comme par exemple «Tu le marches un peu.» au lieu de «Tu vas le faire un peu marcher.». Ce sont des détails mais des détails qui font aussi le sel de @Cavaler seule.

J'ai admiré @Kathryn Scanlan pour la justesse de ses mots, sa concision et tout cet art qu'elle déploie afin que nous nous sentions dans la vie de Sonia et ressentions si précisément ses émotions.

Ce livre est une aventure qui nous éclaire. Court. Efficace. Utile. Passionné. Merci à sa talentueuse auteure, @Katrhyn Scanlan. Je recommande vivement @Cavaler seule. Il faut noter également que la traduction est excellente.

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