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Laetitia Devaux (Traducteur)
EAN : 9782413080329
208 pages
La Croisée (16/08/2023)
3.79/5   46 notes
Résumé :
« J’ai fait plein de chutes, mais je remontais aussitôt. »

Sonia est née dans le Midwest. Dès l’enfance, elle a décidé de devenir entraîneuse de chevaux. Débute alors un long chemin pour trouver sa place au cœur de l’hippodrome, en compagnie des hommes qui ne l’épargnent pas : jockeys excessifs, lads violents, propriétaires exigeants, bagarres et tricheries sur le champ de courses... Malgré tout, il reste ce lien magique avec les chevaux, qu’elle choi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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°°° Rentrée littéraire 2023 # 42 °°°

Procédé classique. Un écrivain rencontre une personne qui lui raconte sa vie, enregistre leurs entretiens, puis la retranscrit pour en faire une oeuvre. On s'attend donc à une sorte de biographie, ici de Sonia, dresseuse et entraineuse de chevaux née en 1962 dans l'Iowa. Sauf que Cavaler seule ne ressemble en rien à ce qui était attendu.

L'autrice a choisi une forme, certes chronologique, mais complètement fragmentée en une série de chapitres-vignettes qui capturent des moments de vie sans s'embarrasser des unités temporelles habituelles ( jours, semaines, mois, années ). le temps s'étire, s'accélère, fait des sauts pour résumer de façon radicale la moelle d'une vie. Cette façon de dérouler le parcours de Sonia surprend, déstabilise aussi tant on a l'habitude d'avoir du gras romanesque ou émotionnel. L'écriture dépouillée et le déroulé très minimaliste pourrait donner l'impression d'un texte simple voire simpliste, ce qui n'est pas le cas.

Ici tout n'est concision et épure. En quelques lignes, l'autrice a l'art de décrire un personnage, une rencontre ( inoubliable Jenny Bicyclette et ses chihuahuas ), une situation, même violente et complexe. le monde hippique, avec ses ressorts business, ses différents métiers, le rapport aux chevaux parfois cruels, son machisme, devient très lisible pour un non initié.

Surtout, lorsqu'on referme le livre, on a l'impression d'avoir écouté Sonia au coin du feu et d'avoir tout compris de son parcours, de son évolution, de ce qu'elle est au plus profond d'elle-même. Je n'ai pas été touchée physiquement parlant par Sonia. Ce n'est pas un personnage qui bouleverse car ce n'est pas ce que Kathryn Scalan a voulu montrer, alors qu'il y avait toutes les épreuves pour faire pleurer ou l'ériger en modèle hagiographique avec leçons moralisatrices à la clef.

Sonia est présentée dans sa vérité nue, une femme ordinaire qui a surmonté des épreuves « ordinaires ». La concision du récit écarte toute introspection type catharsis. Pour Sonia, un traumatisme n'est ainsi jamais définitif. Au final, on est plein d'admiration pour cette femme dont la vie a été dure mais emplie de passion pour les chevaux. Chaque fois qu'il est question de chevaux, une tendre lumière se diffuse, son premier cheval Rowdy dont elle ne rate jamais les anniversaires, les chevaux miraculés Chico et Dark Side qu'elle transforme en gagnants.
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C'est un petit livre, qui tient autant du roman que du récit. Cavaler seule – traduit par Laetitia Devaux – repose sur les entretiens que Kathryn Scanlan a eu avec Sonia, fille du Midwest et de l'Iowa, qui a fait de son amour des chevaux, un destin.

Issue d'un milieu modeste mais aimant, Sonia va se prendre de passion pour Rowdy, un mustang paint horse pie alezan, point de départ de son envie de faire des chevaux, son métier. Mais pas facile quand on est femme de se faire une place au soleil dans ce monde où transpire la testostérone…

Dans des courtes notices anecdotiques, Scanlan nous décrit ce monde méconnu et l'ascension de Sonia vers le métier d'entraineur, grâce à une connaissance du cheval et une relation particulière avec la plupart d'entre-eux.

La simplicité apparente du style rend souvent l'histoire touchante, formant un témoignage instructif sur ce milieu si particulier, comme sur une époque aujourd'hui révolue.

Un livre qui ravira particulièrement les passionnés de chevaux bien sûr, mais pourra laisser les autres (comme moi) sur la lisse du bord de piste, simples spectateurs d'une jolie performance.
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Une vie avec les chevaux

Après avoir recueilli les confidences de Sonia, qui a passé sa vie auprès des chevaux dans le Midwest, Kathryn Scanlan a construit un roman sans concessions. Avec la volonté farouche se battre contre la violence et le sexisme.

Dès les premières lignes, le ton est donné: «Je suis née le 1er octobre 1962. Je suis née à Dixon, Iowa. Je suis née avec une luxation de la hanche. le médecin a dit que je ne marcherais jamais. Il doit forcément y avoir une solution, a répondu ma mère. On m'a donc plâtrée des pieds jusqu'au torse en laissant juste l'espace nécessaire pour me langer. J'ai passé cinq mois comme ça. Ensuite, on m'a mis les jambes dans deux plâtres reliés par une barre de fer, et des souliers spéciaux. Au final, j'ai pu marcher.» On comprend d'emblée que la vie de Sonia sera un combat permanent. Si sa famille s'en sort tant bien que mal, elle promène sa solitude jusqu'au jour où elle croise un cheval et sait d'instinct que c'est avec lui qu'elle fera sa vie. Après avoir pu trouver de quoi payer une heure pour le monter, elle va chercher le moyen de rester près de lui et va finir par se faire embaucher par les patrons d'écuries. Là elle fait le dur apprentissage du métier de lad, se levant à quatre heures du matin pour soigner les chevaux, les nourrir, les laver, les entraîner. En la suivant, le lecteur va découvrir comment se pratique l'élevage, comment on sélectionne les chevaux et les jockeys, combien on évalue la valeur d'un cheval et quelles combines se cachent derrière tel ou tel traitement, comment on peut échapper aux contrôles antidopage.
L'univers de Sonia, voyageant d'un hippodrome à l'autre, est dur, violent, macho. Mais c'est celui qu'elle a choisi et où elle se sent bien. Souvent elle préfère ne pas quitter le champ de courses et ne sait rien de ce qui se passe à l'extérieur. Une abnégation qui va faire sa réputation, mais ne va pas la préserver de la violence ambiante.
À 17 ans, elle est violée par un jockey qui s'est introduit dans sa caravane, mais se tait pour ne pas perdre son travail. Et se coupe alors les cheveux très courts.
S'appuyant sur des entretiens enregistrés avec la «vraie» Sonia en 2018, 2020 et 2021, ce roman est construit sur de courtes séquences qui disent avec une langue simple, proche de l'oralité, la dureté de cette existence. Proche du journalisme, le roman présente les faits dans toute leur vérité, souvent brutale. Quand une amie se retrouve paralysée, par exemple, le sort qui lui est réservé tient en deux phrases : «Le mari l'a larguée, bien sûr. Il l'a larguée tout de suite». À cette banalité du machisme ordinaire répond un humour froid qui nait de la juxtaposition des scènes, sur le comportement excentrique des personnages, sur le recul de Sonia face aux événements. Et sur des formules qui claquent comme autant de slogans salvateurs : «Quand vos parents ne s'entendent pas, quand ils se disputent, quand il y a des abus, il vous reste toujours votre cheval. Les jours où rien n'allait, j'allais voir mon cheval et il arrangeait tout. C'est pour ça que je dis toujours que c'est mon cheval qui m'a élevée.»
Sans anthropomorphisme, Kathryn Scanlan explore aussi dans son livre ce lien tout particulier entre l'homme et l'animal, un lien dont Sonia se nourrit, mais qui est aussi l'occasion de colères froides, notamment face à la souffrance qui peut être infligée par les humains, soi-disant supérieurs.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Pour ce roman assez court, l'autrice Kathryn Scanlan s'est entretenue avec Sonia, une ancienne entraîneuse de chevaux, originaire du Midwest des Etats-Unis.

Évoquant des moments de sa vie personnelle mais surtout professionnelle par des chapitres concis et condensés, elle évoque de nombreuses anecdotes concernant les haras, les concours, les entraîneurs…

C'est à la fois un roman mais aussi un récit de vie, tout en simplicité et en justesse qu'on dévore très rapidement et qui m'a permis de découvrir tout un monde que je ne connaissais pas, celui des chevaux et en particulier, des courses hippiques américaines.

Bien entendu, être une femme dans ce milieu clos gorgé de testostérone n'est pas toujours rose tous les jours, comme on peut bien se l'imaginer ! Heureusement, la narratrice n'a jamais manqué de volonté de vivre de cette passion, tout en faisant preuve d'un amour inconditionnelle des animaux et ce, afin de surmonter de nombreux défis.

Pourtant, aucun atermoiement de la part de cette femme n'est ressenti, au contraire ! C'est avec beaucoup de force et de courage qu'elle a mené sa vie. On voudrait encore plus la connaître, ainsi que l'envers du décor et partager un brin de chemin supplémentaire en sa compagnie.

C'est bien le seul grief retenu vis-à-vis de cette lecture passionnante, au pouvoir totalement dépaysant et captivant.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Kathryn Scanlan a tiré de ses entretiens avec une ancienne entraîneuse équestre ce récit court et sobre, porté par une narratrice tenace qui impressionne par sa force de caractère, féministe avant l'heure. Malgré sa présence marquante, le livre plein de simplicité, à la fois rapide et détaillé, reste sans doute trop bref pour que demeure le souvenir de Sonia une fois la dernière page tournée (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/08/16/cavaler-seule-kathryn-scanlan/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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critiques presse (2)
LeMonde
05 octobre 2023
Pas de temps mort dans ce texte où la parole est donnée à Sonia, native du Midwest, qui a toujours voulu vivre parmi les chevaux et y est parvenue, en endurant l’épuisement physique du travail d’entraîneuse et la brutalité d’une existence menée dans un milieu très majoritairement masculin, violent.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LesInrocks
01 septembre 2023
Un récit d’une rare justesse sur l’expérience humaine.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
(Les premières pages du livre)
DANS LE PLÂTRE
Je suis née le 1er octobre 1962. Je suis née à Dixon, Iowa. Je suis née avec une luxation de la hanche. Le médecin a dit que je ne marcherais jamais. Il doit forcément y avoir une solution, a répondu ma mère. On m’a donc plâtrée des pieds jusqu’au torse en laissant juste l’espace nécessaire pour me langer. J’ai passé cinq mois comme ça. Ensuite, on m’a mis les jambes dans deux plâtres reliés par une barre de fer, et des souliers spéciaux. Au final, j’ai pu marcher. Je le dois au Dr Johnson. Ma mère disait toujours : Sans ce bon Dr Johnson…

LE VIEUX
On vivait dans un quartier pauvre, mais on s’y amusait beaucoup. Il y avait des étangs à poissons rouges, un terrain de motocross, la décharge et Jenny Bicyclette. On construisait des radeaux pour descendre le cours d’eau. La terre nous faisait vivre.
Au bout de la rue, il y avait une famille indienne qui avait quitté la réserve – le grand-père, les enfants et les petits-enfants. Les plus jeunes avaient notre âge, alors on passait beaucoup de temps ensemble. Le grand-père aimait bien me parler de sa religion et de ses croyances. J’adorais qu’il me raconte ses histoires et ses contes. Je l’appelais Grand-Père.
Le vieux, tout le monde l’aimait, mais il picolait. Et quand il était ivre, sa fille et son gendre le laissaient à la porte. Moi, je disais : Grand-Père peut venir à la maison, je dormirai avec ma sœur, comme ça, Grand-Père prendra mon lit. Il cuvait dans ma chambre et il rentrait chez lui après.
Sa fille et son gendre n’aimaient pas qu’il boive, mais eux aussi, ils buvaient. Ils se saoulaient et ils se battaient, leurs enfants se réfugiaient chez nous, et on appelait la police. On guettait les flics par la fenêtre de la chambre, et à leur arrivée, ils les embarquaient, menottes aux poings. Un jour, le mari a été emmené sur un brancard parce qu’il avait pris des coups de couteau.

CE N’ÉTAIT PAS SA FAUTE
Quand j’ai eu six ans, on a récupéré un gros chien qui n’arrêtait pas de se jeter sur moi et de descendre ma culotte avec ses pattes dans le jardin. Ce n’était pas sa faute, il n’était pas castré et j’avais pile la bonne taille.
Au bout d’une semaine, ma mère a renvoyé le chien chez l’homme qui nous l’avait donné. À mon retour, le chien avait disparu et j’ai pleuré comme une madeleine.
Puis mon oncle a entendu dire qu’un gars se débarrassait d’un poney shetland, mais c’était un étalon. Mon oncle a quand même emprunté une remorque pour aller le chercher. On louait une maison bon marché entourée d’une petite clôture blanche branlante. On a attaché le poney à un plot en béton sur le devant, là où il y avait plein d’herbe à brouter.
Un jour, des filles sont passées sur leurs juments et le poney s’est mis à hennir, tout excité. Je l’ai attrapé par le licol, il m’a envoyée valser contre le mur de la maison d’un coup de sabot. Ma mère a saisi le plot en béton pour l’arrêter mais il l’a traînée sur la route – du ski sur asphalte. Au bout du compte, un automobiliste lui est venu en aide et à deux, ils ont réussi à ramener le poney. Ma mère était couverte d’écorchures, de bosses et de bleus.
Le poney est reparti juste après ça.

MILK BONES
Avec Regina, la petite voisine qui avait mon âge, on se nourrissait de croquettes pour chien Milk Bones. On les mangeait par poignées qu’on prenait à même le sac.
Le matin, je me préparais seule avant d’aller en classe. Je mettais le rouge à lèvres de ma mère, ses robes et ses chaussures à talons.
En CP, huit filles m’ont plaquée contre les casiers en braillant : Frappez-la, frappez-la ! Je n’avais pas envie de me battre, mais quand l’une d’elles s’est jetée sur moi, j’ai envoyé balader mes talons et je lui ai réglé son compte.
On nous a conduites chez le directeur, et ma mère est arrivée plus tard. La fille avait le visage amoché et un œil au beurre noir. Je croyais qu’on allait me jeter en prison. Ma mère a dit: Ça serait pas mes chaussures, ça?
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Quand vos parents ne s’entendent pas, quand ils se disputent, quand il y a des abus, il vous reste toujours votre cheval. Les jours où rien n'allait, j'allais voir mon cheval et il arrangeait tout. C’est pour ça que je dis toujours que c'est mon cheval qui m'a élevée. p. 34
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Tu m'as sauvé, tu m'as sauvé de la noyade. Je ne sais pas si je l'ai sauvé ou non. Tout ce que j'ai fait, c'était plonger et le ramener sur la rive.
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Au petit matin, lorsqu’il fait encore nuit et qu’il n’y a que très peu de lumières allumées, vous dévalez la piste déserte et vous entendez un tagada, tagada, tagada : le bruit des sabots derrière vous. C’est magique. Les cavaliers se mettent debout sur leurs étriers, et dans notre pays, ils appellent ça « faire la tribune ». Ils écartent les bras en disant : Je me prenais pour un coyote mais je suis guéri maintenant.
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Un cheval, ce n’est pas comme un chat qui n’a besoin que d’une litière, d’un peu de nourriture et d’eau. Quand on a un cheval, il faut être présent pour lui.
A l’époque où le prix de la viande était élevé, un cheval, ça valait plus qu’une vache au kilo. L’élevage intensif a prospéré. Puis le grand abattoir du Texas a fermé, et les prix ont chuté. Tout à coup, on trouvait des chevaux gratuits partout sur Internet. Mon téléphone n’arrêtait pas de sonner, des gens essayaient toujours de m’en refourguer. Mais un cheval gratuit, ça n’existe pas.
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Video de Kathryn Scanlan (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kathryn Scanlan
Kathryn Scanlan vous présente son ouvrage "Cavaler seule" aux éditions La Croisée.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2887259/kathryn-scanlan-cavaler-seule
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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