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Critique de Etsionbouquinait


La bouche pleine de terre est un livre puissant qui m'a donné de surcroît l'occasion de découvrir un auteur monténégrin majeur, Branimir Šćepanović.

Le livre ici présenté contient en fait deux nouvelles : la première, La bouche pleine de terre, et la seconde intitulée La mort de M. Golouja.

La bouche pleine de terre repose sur l'alternance entre deux fils de narration. D'un côté, celui d'un voyageur revenant au Monténégro, qui quitte le train dans lequel il était installé, et qui songe à se donner la mort ; de l'autre, celui de deux chasseurs dans une forêt. Si, dans les premières lignes, on est quelque peu désorienté par ces deux histoires qui semblent éloignées, elles se rejoignent bientôt. En effet, quand les deux chasseurs observent notre inconnu dans la forêt, ils se mettent curieusement à le suivre et l'on assiste à une sorte de chasse poursuite entre les protagonistes.

Rapidement, l'homme devient un fuyard, une canaille pour les poursuivants.

La tension monte, et cela est très bien restitué par le style de l'auteur. Aux phrases longues, très bien construites du début, avec leur subordonnées et le recours à l'imparfait pour illustrer un temps long, succèdent des phrases courtes, un vocabulaire différent au fur et à mesure de la traque.

Je ne vous en raconte pas l'issue, bien évidemment ! L'un des mérites de la bouche pleine de terre, au-delà de la qualité de l'écriture et de la tension du récit, est de susciter de nombreuses interrogations : dans le cas présent, une perception, une information partielle, mal interprétée, mène à une grande confusion. Quelle parallèle avec notre société moderne ! On se rend également compte de l'instinct animal de l'homme et de l'effet de groupe, ou encore que l'homme se révèle à lui-même dans le plus grand dénuement :

"(…) c'est ainsi qu'enfin purifié, il avait fini par comprendre, par saisir l'essence, la signification de la vie, par découvrir, dans les ténèbres où il était déjà perdu, le véritable chemin de son salut, de cette hauteur insoupçonnée et inaccessible aux regards."

Que de richesses dans quelques dizaines de pages donc !

La mort de M. Golouja, quant à elle, met en scène M. Golouja, qui séjourne dans un hôtel d'un modeste bourg sans attrait touristique particulier. Les autochtones s'interrogent sur qui il est, se demandent pourquoi il ne prend pas contact avec la population.

Sur une veine assez semblable à la précédente nouvelle, à partir d'une incompréhension et d'une histoire inventée (Golouja en vient à dire qu'il est venu dans la bourgade pour y vivre ses derniers jours), un récit plus grotesque et absurde prend forme, qui donne à réfléchir sur les thèmes de la contrainte par la société ou encore sur la vanité de l'homme.

Au final, je vous conseille chaleureusement cette lecture.
Lien : https://evabouquine.wordpres..
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