"Lorsque l'environnement, comme aujourd'hui, atteint une dégradation telle que la voix humaine y est masquée ou submergée, nous avons produit un environnement inhumain. Lorsque les sons violentent l'oreille au point de lui faire, physiquement, courir un danger ou de l'affaiblir psychologiquement, nous avons produit un environnement inhumain."
"On se rend compte avec tristesse que l'homme moderne a oublié jusqu'au nom des oiseaux. "J'ai entendu un oiseau", me dit-on souvent en ville lors des promenades d'écoute.
"Quel oiseau ?
– Je ne sais pas."
La précision linguistique n'est pas seulement question de lexicographie. Nous ne percevons que ce que nous pouvons nommer. Dans un monde dominé par l'homme, lorsqu'un mot disparaît, ce qu'il désigne est exclu de la société, et sa propre existence se trouve elle-même en danger."
"La destruction du calme de l'hiver nordique dans le vacarme des chasse-neige et des scooters des neiges est l'une des plus grandes transformations du paysage sonore du XXIe siècle. Ces engins détruisent l' "idée du Nord" qui a forgé le tempérament des peuples septentrionaux et engendré une mythologie puissante du monde. L'idée du Nord, d'austérité, d'espace et de solitude à la fois pouvait facilement imprimer la peur au coeur de l'homme (Dante n'avait-il pas réfrigéré le centre de son enfer ?), mais elle évoquait une terreur intense, pure, sans tentation possible et silencieuse. Les technocrates du progrès n'ont pas compris qu'en introduisant dans le Nord toutes ces machines, ils tronquaient l'intégrité de leur propre esprit, noyant les mystères et leurs pouvoirs d'évocation dans les postes à essence, réduisant les légendes à des poupées de plastique. Le silence chassé du Nord signifie la fin des mythes. Il devient plus difficile de comprendre les Eddas et les sagas, et beaucoup même de ce qui est au coeur de la littérature et de l'art russe, scandinave et esquimau."