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Critique de 5Arabella


Première pièce de Schiller, représentée en 1782 à Mannheim, elle se place dans le mouvement du Sturm und Drang (tempête et passion), mouvement en partie issue des Lumières, en particulier par l'importance accordée à la notion de la liberté, par la remise en cause d'une tradition, mais en se démarquant du côté rationaliste et abstrait des philosophes. L'être humain n'est pas réellement un être de raison, une grande importance est accordée à la nature, à l'opposé de la culture. Ce mouvement fait une sorte de jonction complexe entre les Lumières et le romantisme à proprement parlé, il est situé à un moment historique de remises en cause, de transformations rapides.

La pièce de Schiller est un jalon important dans ce mouvement, elle marque une étape essentielle de la littérature européenne.

Le résumé de l'action risque de décourager un lecteur d'aujourd'hui. le comte Moor a deux fils, Karl l'aîné préféré, et Frantz. Karl, étudiant se livre à quelque excès, qui sont présentés d'une façon très exagérée par Frantz, qui pousse son père à renier Karl. Ce dernier se fait brigand, commet avec sa troupe des tas d'exactions, même s'il a un petit côté Robin des bois, voler des riches et faire profiter des pauvres de ses rapines, il ne peut éviter les violences et les rapines inhérentes au brigandage. Pendant ce temps, Frantz enferme son père prétendument mort dans un cachot, et tente de séduire Amalia, la fiancée de Karl. Karl de retour dans sa région natale, apprend les fourberies de Frantz, et donne l'assaut au château. Son frère se suicide, et Karl tenu par ses serments de brigand, ne peut quitter son mode de vie. Il tue Amalia à sa demande et décide de se livrer.

Il ne faut pas chercher le vraisemblable d'aucune sorte dans la pièce. Son esthétique n'est pas de cet ordre. Il y a l'excès, le paroxysme, la recherche d'une situation poussée à ses limites, pour mettre en évidence, pour questionner. La notion de la légitimité de l'ordre social, qui pervertit, une justice qui ne l'est que de nom, alors qu'elle est un instrument de domination aux mains des puissants. La violence de l'être humain, en même temps que l'aspiration à un idéal. Les personnages plus que des personnes, sont l'expression d'idées, de concepts.

Après quelques lectures du théâtre français du XVIIIe siècle, on comprend mieux une nécessaire réaction à une esthétique devenue conventionnelle et vidée en grande partie de sens de la tragédie classique ronronnante. Avec tous les excès et limites de la démarche. J'ai trouvé cette lecture passionnante, je me demande comment cela tient le coup pendant une représentation, je pense que la mise en scène doit être très importante, et la pièce en permet beaucoup de variantes. Toutes les idées et tous les concepts sous-jacents à la pièce, peuvent incontestablement donner lieu à des lectures et interprétations très différentes.
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