Ferdinand von Schirach n'est pas un écrivain pour midinettes. Lorsque vous vous saisissez de son livre "
Crimes" – au titre si éloquent –, vous savez à quoi vous vous exposez. Et pourtant, vous n'êtes qu'au début d'une très longue série de frissons. Né en 1964, von Schirach connait son sujet sur le bout des doigts: les 12 nouvelles qui composent l'ouvrage sont toutes tirées d'affaires criminelles auxquelles il s'est frotté, de près ou de loin. du médecin de province sans histoire qui craque au bout de cinquante ans de mariage et assassine sa femme de treize coups de hache, de la soeur qui assassine son propre frère handicapé « par amour", du malfrat prêt à tout pour retrouver la vie rêvée qu'il s'était construite dans un village éthiopien, de cette horloge mal réglée qui permet de laver l'accusé de toutes les charges qui pesaient sur lui, du génie en mathématiques qui élabore un magistral alibi pour sauver de la prison ses truands de frères...
Toutes les couches de la société allemande d'aujourd'hui sont présentes, chaque affaire parait incroyable, et pourtant, il faut l'avouer, on jubile à chaque chapitre. L'auteur, au ton dur, précis, sans fioritures, et pourtant empli d'empathie pour les victimes, n'épargne aucun détail. Sa narration froide a pourtant un résultat inattendu : comme pour les films d'horreur, c'est insupportable, mais on en redemande.
Commenter  J’apprécie         30