AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eve-Yeshe


J'ai beaucoup aimé l'histoire car cette époque me fascine toujours autant et j'avais lu peu de romans jusqu'ici sur la période située juste après la deuxième guerre mondiale, côté allemand.

Michaël, cet adolescent qui découvre ses premiers émois dans les bras d'une femme plus âgée, dont il ne sait rien en fait, est un héros plutôt sympathique, ainsi que les rituels instaurés dans cette relation : il lui fait la lecture à haute voix avant de passer aux ébats amoureux. Elle lui apprend tout en ce qui concerne la sensualité, mais il ne sait rien de son histoire.

En la retrouvant sur le banc des accusées, quelques années plus tard, alors qu'il est étudiant en droit, il comprend ce qu'elle a fait pendant la guerre. Néanmoins, il lui restera fidèle malgré tout, et essaiera toujours de comprendre en jugeant le moins possible et en suivant son parcours lors de l'incarcération. A propos du crime, il dit :

« Lorsque je tentais de le comprendre, j'avais le sentiment de ne plus le condamner comme il méritait effectivement de l'être. Lorsque je le condamnais comme il le méritait, il n'y avait plus de place pour la compréhension. » P 177

Il a compris aussi qu'elle préfère porter la responsabilité plutôt que d'avouer qu'elle ne sait pas lire. Nous avons chacun notre dignité…

Bernhard Schlink aborde aussi dans ce roman le thème de la génération suivante : peut-on juger ses propres parents en ce qui concerne leur attitude, leur passivité devant les crimes du 3e Reich et qu'en est-il de la honte ? Peut-on avoir honte et juger en même temps ?

« Ces distances prises par rapport aux parents, n'était-ce qu'une rhétorique, un bruit, un brouillage, cherchant à dissimuler que l'amour pour les parents avait irrémédiablement entraîné une complicité dans leurs crimes ? » P 191

J'ai aimé l'idée que la lecture à haute voix, avec tous ces romans qu'il enregistre sur cassettes, pour les partager avec elle, puisse l'amener à apprendre à lire et écrire. le lecteur vu sous l'angle du passeur en quelque sorte. Je retiens, surtout, la puissance de la lecture, de l'instruction aussi afin de pouvoir réfléchir, avoir un libre arbitre pour ne pas suivre aveuglément une idéologie barbare et prendre sa vie en mains au lieu de la subir…

J'ai pris mon temps pour entamer cette lecture, alors que j'ai ce roman dans ma bibliothèque depuis longtemps, mais je pense qu'il y a un moment où on est prêt pour rencontrer un livre ou un auteur et qu'il faut suivre cette intuition.

J'ai trouvé un seul bémol à ce roman : l'écriture est assez froide, parfois même chirurgicale, ce qui m'a un peu désarmée, mais l'auteur l'a voulu ainsi, peut-être par pudeur, ou par respect pour l'autre. En tout cas, ce qui lie ces deux êtres est fascinant et conditionne leur avenir à tous les deux.

Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup apprécié cet hommage que Bernhard Schlink rend à l'amour et à la littérature et c'est ce que je retiendrai de ce roman qui soulève de nombreuses réflexions chez le lecteur…

Je n'ai pas vu le film, est-il fidèle au roman?
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          799



Ont apprécié cette critique (65)voir plus




{* *}