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Bernard Lortholary (Traducteur)
EAN : 9782072961700
480 pages
Gallimard (19/05/2022)
3.99/5   3626 notes
Résumé :
À quinze ans, Michaël fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d'une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Pendant six mois, il la rejoint chez elle tous les jours, et l'un de leurs rites consiste à ce qu'il fasse la lecture à haute voix. Cette Hanna reste mystérieuse et imprévisible, elle disparaît du jour au lendemain. Sept ans plus tard ; Michaël assiste, dans le cadre de ses études de droit, au procès de cinq criminelles et reconnaît Ha... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (350) Voir plus Ajouter une critique
3,99

sur 3626 notes
Et voilà… ce soir je viens de tourner la dernière page du livre le liseur. Je ne sais pas si vous avez un pincement, parfois, vous aussi, lorsque cette fichue dernière page est finalement tournée ? Et bien là, c'est le cas.
Le liseur, c'est l'histoire d'un homme, Michaël, qui, toute sa vie, sera obnubilé par la première femme dont il est tombé amoureux, alors qu'il n'avait que 15 ans : Hanna.
Rapidement, elle réclame qu'il lui lise des livres, après, voire avant leurs ébats. Elle est passionnée par ses lectures, qu'elle écoute avec avidité.
Et puis un jour, sans la moindre explication, Hanna disparaît.
Il la retrouvera des années plus tard, alors qu'il est étudiant en droit, lors d'un procès sur des gardiennes de camps de concentration.
Hanna est l'une des accusées.
Imaginez... vous découvrez que celle que vous avez adulée, a pris part à ce qui vous fait le plus horreur dans l'histoire de votre pays.
C'est un terrible choc. Et c'est d'autant plus culpabilisant pour Michaël qu'il n'arrive pas à tourner la page, à ne plus penser à Hanna. Elle est en lui.
L'auteur nous guide dans les méandres des pensés du narrateur et on suit ses questionnements sans violences, sans heurts… mais hélas sans réponse non plus…
Comme lui, on est sous le charme d'Hanna, on préfèrerait tellement la haïr, mais non, elle nous touche malgré nous…
Il est question d'analphabétisme également dans ce livre, et des engrenages qu'un tel manque peut générer (et ce point me touche également beaucoup).
Je conseille évidemment ce roman.
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Lu puis vu dans la foulée . Une fois n'est pas coutume , la version cinématographique tres fidele m'a beaucoup plus enthousiasmé que la version papier...Winslet y est juste éblouissante !

Une fois de plus , la 4e de couv' balance allègrement les ¾ du récit ! Pénible , limite énervant ! Ça commençait mal...Contrairement à Michael qui , du haut de ses 15 ans , rencontrait Hanna , de 20 ans son ainée – cougar avant l'heure - et par la même , l'amour . Leurs rendez-vous prendront tres rapidement la forme de rituels immuables . La lecture avant le plaisir . Hanna , étrangement , ne concevant pas l'acte avant que celui qu'elle ne cessera d'appeller «  garçon «  ne lui déclame quelques pages de grands classiques . Education sentimentale versus enseignement . Chacun semble y trouver son compte , laissant l'attachement et l'affection les lier un peu plus chaque jour jusqu'à ce qu'Hanna ne disparaisse , sans crier gare , vouant Michael au désespoir le plus total...

Un bouquin en trois actes équilibrés et intenses . de la rencontre à l'abandon , des retrouvailles au dénouement final , ce court roman se tient parfaitement en allant à l'essentiel . Ce qui m'a véritablement laissé sur le carreau , spectateur passif - voire parfois ennuyé - d'un récit initiateur de réflexions incontournables , c'est cette narration descriptive et distanciée de l'auteur . Hermétisme le plus complet au style Schlink . Un récit pourtant narré à la premiere personne mais qui ne m'a jamais permis d'adhérer , d'intégrer , de m'enthousiasmer plus que de raison ! Des faits cliniques manquant profondément de chaleur , de sentiments tout simplement . Alors , bien sur , difficile dans cette Allemagne d'apres-guerre , de demander aux protagonistes d'effectuer un numéro de claquettes tout en balançant des confettis en jouant le Petit Bonhomme en Mousse au gazou mais quand meme...
Bon , le style de l'auteur est affaire de bon goût et je suis tres , tres loin d'en avoir le monopole . Par contre , si la narration émeut peu , les multiples questionnements suscités font mouche ! Quid du degré de responsabilité de l'éxécutante tortionnaire zélée , aussi aveugle et inculte soit-elle . Peut-on se relever , se reconstruire suite à une histoire d'amour qui vous a marqué au fer rouge ? Est-on à meme de comprendre , de pardonner quelqu'un jugé et condamné pour avoir perpétré les pires horreurs qui soient et ce , sans éprouver ce sentiment de honte prédominant d'avoir indirectement participé à tout cela ? Par ricochet , difficile d'appréhender , d'assumer ce que firent nos parents , nos ainés durant cette sale guerre sans en devenir les témoins dépositaires taraudés par la légitimité des exactions commises au nom du sacro saint National Socialisme . Et que dire de l'opprobe concernant Hanna ? de ce terrible secret qui aura gouverné toute sa vie , orienté malheureusement tous ses choix , la poussant meme au sacrifice supreme en la forçant à endosser des faits qu'elle n'engendra jamais ...Plutot mourir que se dévoiler ! L'abnégation supreme plutot que la déshonorante confession ! Glaçant...
Au final , des themes forts portés par une écriture qui l'est beaucoup moins...

The Reader , digeste !
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"Le liseur" n'est pas exactement un livre sur la deuxième guerre mondiale du côté allemand, mais plus une réflexion sur la justice, la culpabilité et la difficulté d'une réparation. C'est aussi le récit d'une singulière initiation amoureuse, et des répercussions de ce premier amour sur la vie entière de Michaël, le narrateur de cette histoire.

Les atrocités de la guerre servent d'amplificateur à Bernhard Schlink pour montrer, à travers l'histoire d'Hanna, que privilégier un accommodement personnel au détriment de l'intérêt collectif peut avoir des conséquences désastreuses pour les autres, comme pour soi-même. Pour ne pas dévoiler un secret dont elle a honte, Hanna fera des choix qui l'amèneront non seulement à participer aux crimes nazis en tant que surveillante d'un camp de concentration, mais aussi, plus tard, lors de son procès, à être condamnée bien plus lourdement que ses coaccusées.

Au camp, Hanna entretenait des relations avec certaines détenues qui devenaient temporairement ses "protégées", selon un rituel précis qui comprenait notamment des séances de lecture. Ce schéma n'est pas sans rappeler l'éprouvant film "Portier de nuit", dans la fascination qu'exerce le surveillant du camp sur la jeune déportée. Une emprise qu'Hanna reproduira d'une certaine façon pendant l'après-guerre, par les rituels de sa relation avec le jeune Michaël, alors âgé de quinze ans, qui ignore tout de son passé.

Michaël sera à jamais marqué par Hanna. Pendant ses études, il assistera, passif, à son procès ; ce n'est que plus tard qu'il cherchera à la comprendre. le souvenir obsédant de son premier amour le poussera ainsi à reprendre contact avec Hanna en prison, pour entreprendre, à sa manière, un multiple et délicat travail de réparation.

Ce récit juste et distancié, sans effet ostentatoire, m'a considérablement émue. Une émotion retrouvée dans la fidèle adaptation cinématographique avec Ralph Fiennes dans le rôle de Michaël adulte, et Kate Winslet dans celui d'Hanna.
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Tout d'abord, débarrassons-nous du coup de gueule contre Gallimard qui dévoile tout le récit dans sa 4ème de couv. Pas de bol, moi qui ne la lis jamais, mes yeux s'y sont exceptionnellement attardés et mal m'en a pris. Il m'est toujours pénible de commencer une lecture déflorée par l'éditeur qui pense sans doute que l'oeuvre doit être considérée moins pour son contenu que pour sa valeur littéraire, dans le style "peu importe de quoi parle ce roman, c'est le style qui compte, voyons".

Parlons tout de même de ce roman qui mérite d'être découvert. Si je n'ai pas été aussi transcendée que les nombreux avis élogieux lus pouvaient me le faire penser, j'ai néanmoins apprécié ce récit bien construit et émouvant. Et si je n'étais pas à deux doigts de faire une overdose de "nazis et Shoah", je l'aurais sans doute encore davantage apprécié, seulement il semblerait que les écrivains ne se lasseront jamais d'écrire sur les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale. Passe encore quand il s'agit de témoignages tels que ceux d'Irène Némirovsky, d'Imre Kertész ou de Hans Fallada, sans même parler d'Anne Frank ou de Primo Levi, mais quand il s'agit de pures fictions, je suis quand même un peu plus méfiante et dubitative. Avec "Le liseur", roman partiellement autobiographique, on est en quelque sorte au milieu du gué.

Bien que je n'ai pas trouvé l'écriture de Bernhard Schlink particulièrement attachante, je reconnais que l'émotion passe bien et que le rythme, servi par des chapitres courts, est bon. J'ai également apprécié la pudeur qui régit la description des camps de concentration ; il n'en fait pas trop et nous épargne l'énumération trop connue des horribles conditions de vie et de mort dans ces lieux abjects, honte éternelle de l'espère dite "humaine". Cette retenue permet d'évoquer sans montrer et donne vraiment toute son intensité au récit.

Un roman personnel et sensible qui porte le lecteur à réfléchir et à s'interroger, à l'instar de Jean-Jacques Goldman dans sa chanson "Né en 17 à Leidenstadt" : "Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens si j'avais été allemand ?"


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J'ai beaucoup aimé l'histoire car cette époque me fascine toujours autant et j'avais lu peu de romans jusqu'ici sur la période située juste après la deuxième guerre mondiale, côté allemand.

Michaël, cet adolescent qui découvre ses premiers émois dans les bras d'une femme plus âgée, dont il ne sait rien en fait, est un héros plutôt sympathique, ainsi que les rituels instaurés dans cette relation : il lui fait la lecture à haute voix avant de passer aux ébats amoureux. Elle lui apprend tout en ce qui concerne la sensualité, mais il ne sait rien de son histoire.

En la retrouvant sur le banc des accusées, quelques années plus tard, alors qu'il est étudiant en droit, il comprend ce qu'elle a fait pendant la guerre. Néanmoins, il lui restera fidèle malgré tout, et essaiera toujours de comprendre en jugeant le moins possible et en suivant son parcours lors de l'incarcération. A propos du crime, il dit :

« Lorsque je tentais de le comprendre, j'avais le sentiment de ne plus le condamner comme il méritait effectivement de l'être. Lorsque je le condamnais comme il le méritait, il n'y avait plus de place pour la compréhension. » P 177

Il a compris aussi qu'elle préfère porter la responsabilité plutôt que d'avouer qu'elle ne sait pas lire. Nous avons chacun notre dignité…

Bernhard Schlink aborde aussi dans ce roman le thème de la génération suivante : peut-on juger ses propres parents en ce qui concerne leur attitude, leur passivité devant les crimes du 3e Reich et qu'en est-il de la honte ? Peut-on avoir honte et juger en même temps ?

« Ces distances prises par rapport aux parents, n'était-ce qu'une rhétorique, un bruit, un brouillage, cherchant à dissimuler que l'amour pour les parents avait irrémédiablement entraîné une complicité dans leurs crimes ? » P 191

J'ai aimé l'idée que la lecture à haute voix, avec tous ces romans qu'il enregistre sur cassettes, pour les partager avec elle, puisse l'amener à apprendre à lire et écrire. le lecteur vu sous l'angle du passeur en quelque sorte. Je retiens, surtout, la puissance de la lecture, de l'instruction aussi afin de pouvoir réfléchir, avoir un libre arbitre pour ne pas suivre aveuglément une idéologie barbare et prendre sa vie en mains au lieu de la subir…

J'ai pris mon temps pour entamer cette lecture, alors que j'ai ce roman dans ma bibliothèque depuis longtemps, mais je pense qu'il y a un moment où on est prêt pour rencontrer un livre ou un auteur et qu'il faut suivre cette intuition.

J'ai trouvé un seul bémol à ce roman : l'écriture est assez froide, parfois même chirurgicale, ce qui m'a un peu désarmée, mais l'auteur l'a voulu ainsi, peut-être par pudeur, ou par respect pour l'autre. En tout cas, ce qui lie ces deux êtres est fascinant et conditionne leur avenir à tous les deux.

Quoi qu'il en soit, j'ai beaucoup apprécié cet hommage que Bernhard Schlink rend à l'amour et à la littérature et c'est ce que je retiendrai de ce roman qui soulève de nombreuses réflexions chez le lecteur…

Je n'ai pas vu le film, est-il fidèle au roman?
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Citations et extraits (253) Voir plus Ajouter une citation
Puis , contemplant l'écriture d'Hanna, je vis combien d'énergie et de lutte lui avait coûté d'écrire .J'étais fier d'elle. En même temps, j'étais triste pour elle, triste de sa vie retardée et ratée, triste des retards et des ratages de la vie en général. Je songeais que quand on a laissé passer le bon moment, quand on a trop longtemps refusé quelque chose, ou que quelque chose vous a trop longtemps été refusé, cela vient trop tard, même lorsqu'on l'affronte avec force et qu'on le reçoit avec joie.A moins que le " trop tard" n'existe pas, qu'il n'y ait que le " tard", et que ce " tard" soit toujours mieux que " jamais " ? Je ne sais pas.

( Folio, 2017, p.211)
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Il m'arrive de penser que la confrontation avec le passé nazi n'était pas la cause, mais seulement l'expression du conflit de générations qu'on sentait être le moteur du mouvement étudiant. Les aspirations des parents, dont chaque génération doit se délivrer, se trouvaient tout simplement liquidées par le fait que ces parents, sous le troisième Reich ou au plus tard au lendemain de son effondrement, n'avaient pas été à la hauteur. Comment voulait-on qu'ils aient quelque chose à dire à leurs enfants, ces gens qui avaient commis les crimes nazis, ou les avaient regardé commettre, ou avaient détourné les yeux ?

( Folio, 2017, p.189)
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Je lus ce mot et fus envahi de joie et jubilation. " Elle écrit, elle écrit !" Tout ce que j'avais pu trouver sur l'analphabétisme au cours de toutes ces années, je l'avais lu.Je savais le désarroi qu'il impliquait dans la vie de tous les jours, pour trouver un chemin ou une adresse ou choisir un plat au restaurant, je savais l'anxiété qui fait suivre des schémas tout préparés et une routine bien éprouvée, je savais quelle énergie cela exige de dissimuler qu'on ne sait ni lire ni écrire, et que cette énergie est prise sur la vie. L'analphabétisme condamne à un statut de mineur.En ayant le courage d'apprendre à lire et écrire, Hanna avait franchi le pas vers la majorité et l'autonomie, dans une démarche d'émancipation.

( Folio, 2017, p.210)
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Ma lecture à haute voix était ma façon de lui parler, de parler avec elle.

J'ai conservé tous ses petits mots. L'écriture change.Elle s'oblige d'abord à pencher les lettres de la même façon, à leur donner la même hauteur, la même largeur.Une fois qu'elle y est arrivée, l'écriture est plus aisée et plus assurée, mais jamais elle ne coule. En revanche, elle prend quelque chose de cette beauté austère qu'a l'écriture des vieilles personnes qui ont peu écrit dans leur vie.

( Folio, 2017, p.212)
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Je relisais à l'époque l' "Odyssée ", que j'avais lue au lycée et dont je me souvenais comme de l'histoire d'un retour au pays.Mais ce n'est pas l'histoire d'un retour au pays. Comment
voudrait-on d'ailleurs que les Grecs, qui savaient qu'on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, aient cru à un tel retour ? Ulysse ne revient pas pour rester, mais pour repartir. L' "Odyssée" est l'histoire d'un mouvement qui à la fois vise un but et n'en a pas, une histoire de succès vains.Tout comme l'histoire du droit.

( Folio, 2017, p.204)
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Videos de Bernhard Schlink (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernhard Schlink
20 mai 2019 Rencontre : Bernhard Schlink, Leitkultur – culture dominante ? (16 mai 2019) en savoir plus : https://www.maison-heinrich-heine.org... avec Bernard Schlink, écrivain Manfred Osten (mod.), écrivain et ancien diplomate
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues germaniques. Allemand>Romans, contes, nouvelles (879)
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