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Critique de fuji


La famille Borden habite Fall River dans le Massachussetts, et le 4 août 1892, le père et la mère sont tués à coups de hache.
C'est Lizzie qui parle en premier, et le lecteur ne sait pas à l'entendre raconter la découverte de son père, le visage à moitié arraché, quel âge a Lizzie. La confusion règne « Les images mentales défilaient sous mon crâne comme à travers un oeil-de-boeuf, je me représentais les flots de sang de Père, vestiges d'un festin de chiens errants. Les écailles de peau sur son torse, son oeil échoué sur son épaule… Je ne sais pas trop. Peut-être qu'ils se sont servis d'une hache. Comme quand on veut abattre un arbre. »
Je ne sais pourquoi, en lisant se premier chapitre, je retenais ma respiration, pas à cause des détails sur la scène de crime, mais parce que je respirais l'odeur d'une maison sale. Ce qui s'est révélé exact au fur et à mesure que le lecteur avance dans cette sordide histoire.
La famille Borden a une façon bien à elle de fonctionner, Andrew Borden a réussi dans les affaires et la maison ne manque de rien, sa première femme, la mère d'Emma et Lizzie est morte. Emma avait 10 ans et Lizzie un an.
Le père de famille, autoritaire s'est vite déchargé de l'éducation de Lizzie sur Emma. Il s'est remarié avec Abby.
Lizzie a pris le pouvoir, elle règne en despote et tous doivent lui céder surtout sa soeur Emma. Elle, Lizzie a le droit de s'éloigner de la maison mais pas sa soeur.
Au moment du drame Emma a 41 ans et Lizzie 32 ans.
Pourquoi vivent-elles encore sous le toit paternel ?
Emma en ce mois d'août 1892, a réussi à s'échapper de chez elle et elle envisage même de ne pas y revenir.
La maison est laissée aux bons soins de Bridget, bonne irlandaise, qui elle aussi a voulu quitter son emploi à plusieurs reprises.
D'ailleurs elle est seule avec Lizzie lors de la découverte du crime, elle court chercher le bon docteur Bowen, habitué de la famille. Une voisine vient tenir compagnie à Lizzie en attendant l'arrivée de la police. Il est normal que Emma ne soit pas là, leur oncle (frère de la première Mme Borden) est absent, alors qu'il est venu leur rendre visite.
Abby Borden est supposée être sortie mais elle est dans sa chambre et a subi le même sort que son époux.
À la suite de divers incidents, la maison est en permanence fermée. Depuis plusieurs jours, toute la famille souffre de divers symptômes d'indigestion, ne serait-ce pas un acte d'empoisonnement ?
Cela vous parait confus ? Normal, cette famille ne fonctionne pas vraiment normalement. Un père autoritaire, une belle-mère avide, un oncle suspect, un inconnu encore plus suspect et deux soeurs qui n'arrivent pas à se séparer.
Parce qu'entre les deux soeurs règne une injustice flagrante, l'ainée a toutes les responsabilités et la plus jeune est infantilisée à l'extrême.
Lizzie dans son comportement n'est qu'une gamine, une sale peste qui ne recule devant rien pour satisfaire ses caprices.
Elle est avide de tout.
Après enquête les soupçons vont se porter sur elle, il y aura un procès, elle sera acquittée faute de preuves.
L'auteur par une narration polyphonique nous plonge au coeur de l‘horreur.
L'horreur est-elle le crime commis ou bien le fonctionnement de cette famille ?
La force de Sarah Schmidt est de nous faire découvrir cette histoire comme un puzzle, chaque voix est un morceau de l'image totale. Des interrogations subsistent, et la fin des deux soeurs est troublante. Une maison bourgeoise, où règne le chaos, la saleté est partout, le lieu comme reflet des âmes qui y vivent, est une hypothèse tentante.
Une histoire vraie, étrange, dérangeante et fascinante.
Merci aux éditions Rivages pour cette lecture.
Chantal Lafon-Litteratum Amor 19 mars 2018.
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