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Critique de Marie987654321


Robespierre reste un des noms les plus connus de la Révolution française et aussi l'un des plus controversés. Il fut un personnage important mais quel rôle a-t-il réellement joué dans le déroulement de la Révolution dans son ensemble et dans la Terreur en particulier?
Avant de lire ce livre, je n'avais guère une image positive du personnage mais j'étais prête à réviser mon point de vue. Après l'avoir lu, cela ne s'est pas arrangé...

L'auteur nous fait découvrir le personnage essentiellement au travers du décryptage de ses discours et de leur évolution. Il ne s'agit donc pas tout à fait d'une biographie. A mon sens, l'image qui en ressort encore plus trouble. Certes, il apparait comme incorruptible, farouchement attaché à la Révolution et désireux de la défendre contre toutes les compromissions. Son action n'est en aucun cas basée sur la recherche de son intérêt personnel, à l'exception peut être de son désir de postérité.
Mais le jeune juge d'Arras qui, à son début de carrière, refusait la peine de mort, en vient à être la cause de la mort de milliers de personnes, à justifier, pour défendre la Révolution et le peuple ou du moins l'idée qu'il se fait de ces deux concepts) qu'on puisse exécuter sans jugement tous ceux soupçonnés de trahison. Sachant que comme il a raison, tous ceux qui ne sont pas d'accord avec lui sont des traitres à guillotiner. CQFD.

Comment en est-il arrivé là ? Par sa fascination pour la civilisation romaine et son identification aux défenseurs de la république romaine et à la vertu qu'il avait sans cesse au bout de la plume ... Par son enfermement dans sa propre rhétorique, les mots entrainant les mots et l'exaltation des phrases en dehors de toute réflexion sur le sens des propos tenus, par son absence totale d'empathie et de compréhension de ses contemporains et par son ignorance crasse de la réalité du monde matériel et du peuple, dont il encense l'idée tout en en méprisant la réalité, en bourgeois de son temps qu'il est et reste. L'auteur en fait un personnage qui, dépassé par ce qui arrive, choisit la fuite en avant dans un mouvement de révolution permanente. L'auteur dans sa conclusion veut le présenter comme n'étant pas le monstre sanguinaire qu'on a longtemps décrit et cite des jugements plus favorables à
Robespierre de divers penseurs et historiens. Certes, il n'est pas un dictateur comparables à ceux que le XXeme siècle nous a fait connaitre. Certes, il voulait le bien du "peuple", rien pour lui-même et tachait de s'adapter à des circonstances exceptionnelles. Dans ce récit, il parait parfois dépassé par l'extrême violence et les massacres que ses mots déclenchent. Il fait des discours incendiaires et disparait quelques jours ou semaine, peut être malade, laissant les faits se dérouler comme s'il n'y était pour rien. Peut être ne savait-il pas ce que les mots peuvent produire. Nous le savons mieux aujourd'hui. Mais la mécanique qui se déploit et qu'il active est effrayante de déshumanisation et est finalement une des premières expressions du totalitarisme appelé à connaitre de grandes heures.
Pour autant, les circonstances historiques étaient-elles telles que cette attitude ait réussi à faire vivre la révolution? Que serait il passé sans la terreur ? avec des Si .. n'est-ce pas ?

Finalement juger Robespierre n'a pas tellement de sens. C'est la mécanique et l'enroulement des faits et des comportements qui doit effrayer et retenir l'attention au-delà de la personne de Robespierre : lorsque la raison quitte les humains, lorsque l'emballement des formules de communicants qui veulent faire de l'audience ou du "clic" et lorsque les anathèmes passent pour de l'argumentaire, lorsque les croyances et les passions de chacun prennent le pas sur débat, la prise en compte de l'altérité et la recherche de solutions, lorsque le "peuple" , déclamation incantatoire, n'est qu'une idée appelée à la rescousse des passions des politiques et non pas une réalité d'hommes et des femmes divers et complexes lorsque la recherche de compromis et d'accords est décriée comme n'étant que compromissions.

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