Citations sur Demain n'est pas un autre jour (29)
J' ai remarqué une chose à propos des endroits nouveaux. C'est comme les jeans neufs. Ils ont beaux être à votre taille,ils ne sont pas confortables de suite. On met un peu de temps avant de s'y sentir à l'aise.
Je vais te confier un secret. Il y a une différence entre mourir et être mort. On est tous en train de mourir. Certains d'entre nous meurent pendant quatre vingt dix ans, d'autres pendant dix neuf ans. Mais tous les matins, chaque individu sur cette planète se réveille en se rapprochant un peu plus de sa propre mort. Chacun de nous. Si bien que vivre et mourir sont en réalité deux mots différents pour désigner la même chose, quand on y pense...
Il y a une différence entre l'absence de quelqu'un et le deuil. Un jour, je l'espère, je ne porterai plus le deuil de Sadie et je pourrai simplement penser à elle, au détour d'un souvenir, un petit sourire triste aux lèvres, avant de reprendre le cours de ma vie. Parce qu'il n' y a que ça à faire dans ce monde, quels que soient la force du courant qui voudrait vous repousser en arrière, le poids du fardeau qui pèse sur vos épaules ou l'histoire d'amour tragique qui vous a brisé le cœur : il faut toujours aller de l'avant.
(p 274)
Mais nous étions tous trop malades pour vivre une grande histoire d'amour. Quelle que soit l'image que nous renvoyions. Chacun d'entre nous était susceptible de se réveiller le lendemain matin avec du sang sur son oreiller, un trou dans les poumons et une douleur telle qu'avoir le cœur brisé en prime aurait été insupportable.
(p 116)
C'est très étrange de penser que l'instant de notre naissance est un point précis, ancré dans le temps, mais que l'heure de notre mort dépend de ce qu'on mangera au dîner, de l'endroit où on traverse la rue ou encore de la personne à qui on choisit d'accorder sa confiance la nuit au milieu d'un bois. Mais j'aime penser à tous ces petits moments qui s'additionnent jusqu'au dernier parce que ça signifie que notre mort nous appartient, qu'elle résulte de nos choix de vie et qu'elle n'est pas juste un truc qui nous arrive par hasard.
En CM1, on nous faisait passer des tests chronométrés sur les tables de multiplication : cinq minutes par page, cinquante questions chacune. Si on voulait passer à la table suivante, il fallait faire un sans-faute. [...] J'avais beau m'entraîner tous les soirs, ça ne servait à rien. Parce que, au fond, ce n'était pas la table de multiplication qui me posait problème. c'était plutôt le stress de cette double consigne implacable : petit un, mon temps était compté ; petit deux, je n'avais pas le droit à l'erreur.
Latham était mon Poudlard, et la protocilline mon traitement contre la magie. Elle me transformerait à nouveau en Moldue, en quelqu'un dont l’existence était régie par les tests standardisés, les pestes du lycées et les billets de retards.
J'ai pleuré pour la façon dont Charlie était mort, pleuré pour ne pas avoir pu lui dire adieu et pleuré car les derniers mots que je lui avais adressés étaient : « T'as pas intérêt à t'endormir. »
Ici, on nous demandait de croire aux miracles. En notre ange gardien. On se réveillait chaque matin en espérant que la chance serait de notre côté.
Mais la chance est un truc imprévisible.
Mais j'avais eu tort. Horriblement tort. Ce n'est pas parce que les choses ne durent pas qu'elles ont moins de valeur. Peu importe la durée : l'essentiel, c'est que les choses aient existé à un moment donné. Comme la Grèce antique. Comme Latham. Comme Lane et moi.