AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de axelreaute


Le livre qu'elles projetaient d'écrire à quatre mains, nous ne le lirons jamais. Maria Schneider est morte en 2011, et c'est seule que sa cousine Vanessa Schneider, journaliste et romancière, s'est attelée à ce récit, qui ne remplace pas l'ouvrage qui n'a pas été écrit, qui ne vient pas pallier son absence — qui est simplement tout autre, et très beau. Près de vingt ans séparent l'auteure de celle qui fut, durant son enfance, une présence familière et aimée et un objet de fascination. Maria, 20 ans et des poussières ; Maria, ses sautes d'humeur et ses gestes brusques ; Maria drapée de vapeurs de marijuana et les bras bleuis par les injections d'héroïne… « J'ai peur, mais je reste. Quand tu es là, je ne veux rien manquer », se souvient Vanessa, évoquant ces années durant lesquelles l'actrice, fille de la soeur aînée de son père, venait chercher un peu de calme dans l'appartement familial et bohème. On connaît les grandes lignes de l'existence de Maria Schneider, à la fois révélée et brisée par le tournage infect du Dernier Tango à Paris (1972) — et dès avant, par une enfance chaotique. Ce destin, c'est avec un mélange prégnant de tendresse et de colère contenue que Vanessa Schneider le nettoie des poncifs auxquels on a voulu le réduire. Elle en scrute les vestiges et en rêve les ellipses. Elle le déploie de façon intimiste et en déplace le centre de gravité en l'inscrivant dans un tableau familial plus large, « cette famille où la folie et le malheur ne sont jamais très loin… ». Un biotope insolite et incommode dans lequel elle-même a grandi, vingt ans après Maria, dans les années 1970, qu'elle évoque avec une belle justesse. Tour à tour élargissant puis rétrécissant sa focale, sans jamais perdre de vue Maria, s'autorisant à en dire la grâce, les faiblesses et les souffrances, d'une écriture précise et grave, pleine de retenue — « parce que cette histoire est aussi la mienne, qu'elle a forgé ce que je suis. Qu'elle m'appartient ».
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}