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Critique de Dandine


La lecture du "Lieutenant Gustel" m'a donnee l'envie de relire d'autres courtes oeuvres de Schnitzler. Je suis donc allegrement entre dans "La ronde".


Schnitzler est un provocateur. La Ronde s'eclate en scandale dans la societe autrichienne du debut du 20e siècle, et s'attire immediatement un interdit de representation.

Destinees au theatre, ce sont de petites saynetes qui se suivent et se raccordent, en ronde, comme son titre l'indique. Il y est question d'amour. D'amour charnel, sans grand A, qui dure le temps d'une rencontre. Entre des partenaires qui s'interchangent sans etats-d'ame superflus. de quoi faire hausser les sourcils horrifies de la bureaucratie imperiale. La Ronde, a peine representee, entre en clandestinite. L' insinuation dans ses pages de chair fraiche est exagerement magnifiee par une aristocratie et une bourgeoisie hypocrites. La Ronde devient mythique. Heureusement pour nous, avec le temps passé le ballon est degonfle et il n'en reste que l'essentiel, ce que Schnitzler a vraiment ecrit: une critique un peu amusee des simulacres et de la cagoterie generalisee de son époque.

La Vienne du tout debut du 20e siècle est divisee en classes sociales qui ne se melangent pas, habitant des quartiers a frontieres fixes et restrictives. Enfin, jusqu'a un certain point, les beaux messieurs pouvant harceler les filles de joie jusque chez elles. Schnitzler joue les transgresseurs de cet ordre: Les personnages de la Ronde appartiennent a toutes les classes de la societe, et se melangent en chair impunement. Dix personnages en quete de public: une prostituee, un soldat, une servante, un jeune bourgeois, une jeune epouse et son mari, une ingénue, un poete un peu boheme, une actrice, un vieil aristocrate qui rejoint la prostituee de la premiere saynete, tous se donnent la main, en une ronde effrenee, et demandent plus. Et font plus: l'acte d'amour figure dans le texte par une ligne de points, ou de tires (aux metteurs en scene de se casser la tete pour representer sur scene ces lignes). Sacrilege? Je dirais plutot pied de nez de l'auteur, qui plante un miroir erotisant, obscenisant, face a ses concitoyens.


Schnitzler etait un provocateur. L'est-il encore de nos jours? Oui, peut-etre encore un peu. Il se moque un peu des sentimentalites idealisees de façade, appuyant sur les pulsions cachees derriere. Est-ce vrai qu'il n'y a pas d'amour heureux? Sourions en tous cas a la chair heureuse. Lisons et sourions.
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