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Critique de mariecesttout


Karel Schoeman est un écrivain fidèle au vieux parler de source batave, l'afrikaans.Même si c'est un intellectuel polyglotte, il a traduit Schiller, Schnitzler et Tchekhov.

Les années 70, au Cap. Il pleut, il ne fait que pleuvoir, et la ville glisse lentement dans les ténèbres.. Ces ténèbres, on ne sait pas tellement bien ce que c'est , en fait, car les personnages du livre ne veulent surtout pas le voir. Ils appartiennent à la communauté blanche, recroquevillée sur elle-même, désarçonnée par les changements autour d'elle, et dont la plupart des membres n'a plus qu'une envie, partir.
Et dans cette communauté, un petit groupe d'intellectuels cherche encore à faire semblant , dans de tristes réunions mondaines où presque tous -même un journaliste...- vivent dans un déni complet de la tragédie de leur pays. Presque tous car un écrivain, poète, un des seuls à exercer sa lucidité, va apprendre le détachement , la solitude et le renoncement.

"Ceux qui avaient frappé autrui furent frappés à leur tour, ceux qui avaient fait tomber autrui trébuchaient et tombaient à leur tour; soudain nous comprîmes que ce sang sur nos mains était le nôtre et plus celui des autres. Les gens gisaient à terre dans la position qu'ils avaient en tombant et nous, qui errions parmi les cadavres en hésitant afin de ramasser les vêtements épars , nous rendions compte avec surprise que cette veste était la nôtre, que ces chaussures étaient à notre pointure: pour la première fois, ces visages que nous voyions, tombés face contre terre, le nez dans la poussière, nous étaient familiers; désormais, ces visages étaient les nôtres. de quel droit pensions-nous que nous serions les seuls à être épargnés?
Nous apprîmes l'humiliation et nous apprîmes aussi à être humbles, à courber l'échine, à chercher parmi les cadavres , à nous traîner au-delà des barbelés des postes de contrôle,à attendre dans des files interminables dans les halls de gare et sur les quais; enfin, du moins le croyons-nous. Laissez-nous espérer que nous avons appris à réfléchir, à comprendre, que nous avons appris la pitié et la compréhension, sans quoi nous n'aurions rien appris, et tout aurait été vain."

Ce n'est pas la violence de Coetzee,mais la puissance du texte est la même, c'est extrêmement mélancolique et triste, magnifiquement écrit ( avec là aussi une mention pour le traducteur!
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