Que ce court
traité soit signé de la main de
Schopenhauer, le philosophe que l'on qualifia souvent de pessimiste, peut paraître chose surprenante. Initialement destiné uniquement à son usage personnel et non à la publication, « L'art d'être heureux ou Eudémonologie » distille 50 règles de vie afin de pouvoir espérer connaître un bonheur véritable et durable, à condition de bien prendre en compte qu'il s'agit ni plus ni moins d'une ascèse, le bonheur ne tombant effectivement pas du ciel comme la pluie sur nos têtes.
S'appuyant sur des citations de
Sophocle, d'
Aristote,
Sénèque,
Homère,
Ovide et de quelques autres,
Schopenhauer, à travers ces 50 règles se fait limpide et clair dans ses explications sans oublier de nous rappeler sans cesse à la dure réalité du monde.
Il nous fait rapidement comprendre qu'il faut tout d'abord être apte au bonheur, le tempérament de l'individu étant primordial quant à ses chances de réussite dans sa quête du bonheur. Dans le cas contraire, tous nos efforts pour atteindre un peu de félicité seront vains. Il nous indique également que la santé est le plus précieux des trésors et qu'une bonne humeur quotidienne aide aussi énormément.
Il faut toujours rester soi-même, ne jamais chercher à être quelqu'un d'autre, être en concordance avec ce qu'il nomme le caractère acquis (le dernier caractère, précédé par le caractère intelligible et empirique), c'est-à-dire aller vers ce quoi l'on est fait tout en connaissant ses limites qu'elles soient
physiques ou intellectuelles. Aller à son encontre serait comme une personne qui, prenant
Arnold Schwarzenegger comme modèle, se lancerait dans le culturisme alors qu'elle n'a pas la constitution
physique adéquate pour cette activité sportive. Donc, sachons bien où se situent nos forces et nos faiblesses.
Voici en vrac certains idées intéressantes développées par l'auteur :
-- Ne jamais songer à vouloir posséder plus de choses que l'on est capable,
-- Prendre le temps de la réflexion avant d'accomplir une action.
-- Toujours imaginer que ça pourrait être pire lors que survient un désagrément ou un accident.
-- Il ne faut point chercher à tout prix le plaisir et la jouissance mais plutôt à éviter de trop fortes souffrances comme le disait si bien
Aristote : « Le sage n'aspire pas au plaisir, mais à l'absence de souffrance. »
-- Et enfin il faut profiter du présent.
Voilà en substance les grandes idées déversées par
Schopenhauer, que l'on voit plus proche du stoïcisme que de l'épicurisme.
La recette du bonheur ne se trouve pas dans ces livres de bien-être qui fleurissent dans toutes les librairies, mais bien aux côtés de certains penseurs qui traitent d'une philosophie pratique pour la vie de tous les jours.
Je laisse désormais le mot de la fin à
Schopenhauer :
« Quiconque passe sa vie sans souffrances excessives,
physiques ou psychiques a eu le sort le plus heureux qu'ont pouvait trouver. »