Handicapé à la suite d'un grave accident imputable à son père, Alan peine à s'adapter à sa nouvelle vie. Pour ses vingt ans, il reçoit un jeu vidéo permettant une immersion sensorielle totale grâce à une interface révolutionnaire dans lequel il retrouve son autonomie perdue.
Loïc Schott construit autour de ce scénario un univers sombre, entre Steampunk et Far West, peuplé de créatures atypiques et de personnages féroces ou peu communs. Parallèlement à sa fiction,
Loïc Schott se penche concrètement sur les problèmes rencontrés suite à un handicap, dénonçant le regard stigmatisant des autres, le jugement négatif sur soi comme les difficultés physiques et psychologiques entrainant des renoncements, de l'égoïsme et une tension latente envers ceux jugés responsables de la situation.
Si, sans être des plus original, le schémas directeur est séduisant, la mise en forme de l'histoire se révèle décevante. Les personnages non joueurs ne sont pas censés interagir avec les acteurs actifs du jeu, ils ne sont programmés que pour faire de la figuration. de même, de nombreuses esquisses d'intrigues, la mort d'un joueur, des blessures constatées dans la réalité, sont évoquées sans être pour autant approfondies plus avant. La trame échafaudée autour des anciens et des artefacts ainsi que son utilité n'est pas vraiment exploitée et reste aussi vague qu'inexpliquée. L'avatar d'Alan, plein de commisération pour l'univers de Kareon comme de ses habitants, massacre pourtant sans états d'âme, animaux, créatures hybrides et personnages pour progresser dans le jeu et accroître son pouvoir. La construction du récit, jouant avec la dualité d'Alan évoluant douloureusement dans la vie réelle et vaillamment au sein de son univers virtuel, est intéressante mais manque de substance et de méthode. Dans l'ensemble, les personnages réels témoignent d'une absence flagrante de développement et de profondeur pour donner une véritable dimension à l'histoire hors du contexte virtuel et, hormis peut-être Elynn, ne suscitent guère d'empathie. Les missions des joueurs n'ont rien de captivant, Alan « sort de sa torpeur » toutes les trois pages et les heureux hasards pour se sortir de situations périlleuses se multiplient avec une étonnante facilité. La complaisante conclusion entretient le sentiment de faiblesse de l'ensemble.
Un roman sympathique et distrayant mais on est bien loin de Player One ou Virtual Révolution.