AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de evergreen13


Le four
Un bandeau sur la couverture annonce « Un Breaking Bad hilarant à Besançon ! ». Me voici intriguée sachant que je classe cette série américaine (et son « spin off » Better call Saul) dans mon top 5 ! Et le moins qu'on puisse dire est que je n'ai pas été déçue ! Pas de publicité mensongère, ce roman noir au titre évocateur m'a fait passer un excellent moment.
Thibault Morel est CPE (Conseiller Principal d'Education) dans un collège de l'agglomération bisontine, dans un quartier « sensible ». La trentaine, Thibault exerce son métier avec enthousiasme et conviction que ne parviennent pas à (totalement) doucher l'environnement difficile dans lequel il travaille. Thibault a même poussé l'idéalisme à emménager à quelques pas du collège, dans la cité de Planoise, rue du Piedmont, escalier 3 d'un petit bâtiment de cinq étages. Gros point noir, les frères Mehmeti –des albanais- ont installé leur four dans l'appartement d'en face… Et par four, entendez « point de deal », pas boulangerie pâtisserie ! Une nuit, gros ramdam dans la cage d'escalier : des insultes, des cris, et le staccato d'une kalachnikov. Thibault est certain qu'une fusillade « pour de vrai » a lieu à deux pas de chez lui car il vient juste d'éteindre sa télé ! le calme revenu, la curiosité l'emporte : il trouve les frères Mehmeti et leur agresseur (un gars d'une bande rivale) tués dans l'appartement du four. Avec une voisine, Myriam Ramla, ils découvrent dans une cache située sous la salle de bains, un paquet de fric, et de gros blocs de cannabis enveloppés dans du plastique noir… Plusieurs kilos. le stock des Mehmeti. La première pensée de Thibault est de se dire qu'il va enfin avoir la paix : terminés les allées et venues dans l'escalier, et plus besoin de montrer son justificatif de domicile à Reda qui monte la garde à l'entrée ! Puis, dans un second temps, Thibault et Myriam ont une idée : et s'ils reprenaient à leur compte le trafic de shit, histoire d'écouler le stock ? Pas pour l'appât du gain, pas pour eux en tous cas, mais pour en faire bénéficier les familles de la cité, tous ces laissés pour compte de Planoise qui triment pour –au mieux- un SMIC et qui n'intéressent personne. Une belle idée n'est-ce pas ? Une belle idée un brin foireuse évidemment car s'improviser dealers quand on est CPE et femme au foyer ce n'est pas de tout repos !
J'ai adoré ce bouquin ! Je ne connaissais pas l'auteur mais je me suis empressée d'aller voir sa bibliographie et j'ai noté plusieurs titres.
Le contexte social décrit par Jacky Schwartzmann n'est pas de la fiction : il s'agit bel et bien d'une réalité, mise sous les feux des projecteurs à l'occasion de quelques faits divers, mais qu'il est d'usage d'occulter pour ceux qui ne la vive pas. Pourtant, l'auteur ne verse pas dans le misérabilisme ou dans la victimisation : bien au contraire, ses personnages (ceux qui gravitent autour de Thibault et de Myriam) sont plutôt dépeints de manière positive. Très intéressant aussi la manière dont Jacky Schwartzmann s'est attaché à faire vivre un collège d'une zone sensible, cinquante nationalités, un taux de pauvreté extrême, des professeurs investis mais souvent dépassés et déboussolés.
Beaucoup d'humour, de l'action, une histoire un brin amorale : Thibault Morel est bien le cousin de Walter White !
Jouissif.
Commenter  J’apprécie          260



Ont apprécié cette critique (26)voir plus




{* *}