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Critique de Rolienne


Il existe plusieurs sortes d'impostures. Certaines riment avec créativité, imagination, sourire. D'autres, au contraire, charrient leur lot de souffrance, d'aliénation, de tragédie.
La tromperie qui consiste à inventer un splendide document historique trouble les esprits, mais, dans le fond, elle engendre beauté, imagination et contemplation. Ainsi, dans le « Conseil d'Egypte », roman de Leonardo Sciascia, l'Abbé Vella fabrique un manuscrit antique et le calligraphie dans un arabe ancien de son cru. Ce récit égratigne la légitimité des barons siciliens qui, en des temps reculés, se seraient lestement appropriés de quelques terres. Cette supercherie jette un froid sur la comédie sociale et mondaine, agaçant les égos des uns et dérangeant les intérêts des autres. Cependant rien de vital ou de pathologique n'est en jeu dans cette histoire de plagiat.
Par contre, l'autre imposture, dont traite ce roman, prend la forme d'un complot ourdi par Di Blasi, un grand avocat qui lutte pour la République dans ce Royaume de Sicile et qui entraîne à leur perte ses compagnons de combat. L'imposture vient de l'erreur, de l'illusion, de la mystification de ce en quoi on croit, de la supériorité du système de valeurs accordée à la fable politique à laquelle s'accrochait ce jacobin, désormais honni des nobles qui hier le reconnaissaient comme l'un des leurs.
L'ordre public est attaqué par l'acte de terrorisme que l'avocat Di Blasi avait planifié et raté de justesse. Mais, soudain, au fond du cachot, et en pensant à ses complices d'infortune horriblement torturés eux-aussi à cause de lui, c'est l'ordre de la vie tout court qui s'effondre. Son héroïsme est ravalé à une perte de conscience et de sens. La douleur de l'imposture vient des conséquences auxquelles son idéalisme justicier ne l'avait pas préparé. Di Blasi souffre du malheur qu'il a infligé à ceux qui ont partagé sa cause.
Pourtant, en forme de conclusion de ce beau livre, l'écrivain nous signifie que, plus tard, beaucoup plus tard, d'autres prendront finalement sa suite, à la fois pour chasser définitivement les rois de Sicile comme pour torturer savamment et à grande échelle des innocents plus au Nord de l'Europe.

© Patricia JARNIER- Tous droits réservés- 26 janvier 2013
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