Science & vie, n°870

La seconde jeunesse de Pierre Janet – O paradoxe ! c'est l'Amérique, la première, qui a rendu hommage à Janet, ainsi qu'en atteste un remarquable article de l'« Américan Journal of Psychiatry ». Janet, en effet, a été volontairement méconnu pendant toute la deuxième moitié du XXe siècle, au bénéfice de Freud.
Comme Freud, Janet fut un élève de Charcot. Comme Freud, il étudia les hystéries. Avant Freud, il postula l’existence d'un inconscient. Avant Freud, il évoqua la responsabilité de la sexualité dans certains troubles mentaux, mais, à la différence de Freud, il n'en fit pas la cause unique. Janet ne s’aventurait pas dans des théories aussi extravagantes que la séduction des enfants par les adultes (comme le fit Freud, avant de renoncer à ce postulat délirant). Son attachement aux faits, et sa rigueur lui valurent une défaveur...
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Le « tort » de Janet fut de ne rien avancer qu'il ne pût asseoir sur l'observation et l'analyse critique, de ne pas attribuer à la sexualité un rôle universel, de ne pas créer de chapelle avec initiés, adeptes et zélateurs, et, surtout, de ne jamais dissocier l'étude du psychisme de la médecine.

1019 – [p. 83] Gérald Messadié