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Critique de Nicolino


M-l'enfant du siècle racontait la conquête du pouvoir par Mussolini après la première guerre mondiale. M‐l'homme de la providence raconte l'exercice de ce pouvoir entre 1926 et 1932.
Ce sont des romans documentaires, ces oeuvres d'Antonio Scurati sont salutaires, il y montre et démonte tous les mécanismes du pouvoir fasciste. Mussolini et ses acolytes détruisent grâce aux coups de poings et de force toute forme d'opposition, dirigent les médias, manipulent, soumettent et terrorisent l'opinion, imposent le culte de la violence comme seule réponse aux maux de la société, colonisent la Lybie à coups d'exécutions sommaires et de gaz moutarde, etc.

À aucun moment l'auteur ne cherche à créer une empathie avec les personnages, il réussit le tour de force de nous captiver avec un roman exempt de toute sympathie, qui ne fait que croître dans les coups et la haine, où l'intelligence ne sert que le mal, où tous les personnages sont dépeints dans leur brutalité. Un livre sans aucun bon sentiment. Jamais. Il nous balance en pleine gueule, sèchement et brillamment, cette histoire vieille d'un siècle. Il est à la fois proche et très éloigné des Philipp Kerr (avec Bernie Gunther) ou Volker Kutsher (à l'origine de Berlin Babylon) qui se servent de la fiction policière pour raconter l'Allemagne sous le nazisme.
Scurati n'invente pas, il s'appuie sur d'authentiques articles, télégrammes, courriers, etc, reproduits en fins de chapitres. Sa part de fiction réside uniquement dans sa manière de raconter, d'écrire l'histoire telle qu'elle s'est passée, avec les vrais personnages et les vrais événements. Il ne fait pas oeuvre d'historien, ce n'est ni son but ni sa prétention.

Comme lors de ma lecture du premier volume, arrivé à la moitié de ces 800 pages, j'ai ressenti une grande lassitude, un profond écoeurement non seulement face aux violences politiques et physiques multiples et réelles, mais face aux réflexions amenées par cette lecture, la comparaison avec ce que l'on voit monter depuis quelques années n'est pas fortuite.
C'est ça aussi lire : plonger pendant quelques jours dans les abysses de la politique, là où elle est la plus laide, la plus vile, et en remonter avec l'impression tenace d'être soi-même souillé.
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