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Critique de rvclaire


Le Jour de votre Nom par Olivier Sebban, 2009, Seuil - Fuir un nom pour trouver une identité.

Alvarès, Diaz,… , Jean Alvarès ? Espagnol, Français, républicain ici, résistant là-bas, toujours en combat et en recherche de soi, notre héros est un être à l'identité floue et flouée.

Une identité flouée par son propre père dont le silence cachait un changement d'identité ou plutôt une double identité – la première n'étant jamais éloignée de la seconde. Une identité flouée par un père qui a cru faire le deuil de sa vie d'avant – celle d'un pied noir juif d'Algérie – en oubliant son nom, en refusant de le transmettre à des enfants nés de notre côté de la Méditerranée.

Notre héros se perd dans des identités diverses et diffuses quand il découvre les confessions de ce père couchées dans un carnet qu'il ne veut et ne peut quitter, pour l'heure.

Quel nom doit-il donc porter ? Qui est-il ? Mais avant d'être le fils de ce père mystérieux à qui seul un nom peut désormais le rattacher, ne doit-il pas penser qu'il est avant tout lui-même père, mari et homme tout simplement ?

Notre héros sans nom, sans identité est un homme sans boussole, un homme trahi et traqué, tant dans l'Espagne de Franco que dans la France de Pétain. Dans les montagnes des Pyrénées, il est toujours poursuivi par son père, celui dont on ne sait avec certitude qu'une seule chose : son admiration pour la France dont on peut penser qu'il la renierait s'il voyait errer ainsi son fils, de camps en camps, réfugié espagnol ou juif.

Ce fils ne vit – au fur et à mesure du temps – ni pour un nom, ni pour un pays, ni même pour une religion : profondément meurtri par son absence d'histoire, il semble déjà plus mort que vivant, sans repère aucun.

Olivier Sebban nous entraîne avec talent à la suite de son héros, dans une histoire et une Histoire compliquée, à la recherche d'une identité qui se doit d'être aussi une fierté : Alvaro n'est-il pas simplement cet homme qui fait passer des enfants en Espagne, cet homme digne et fort ?

L'identité qu'il se reconnaît triomphera-t-elle des traitements subis et endurés dans cette Europe dérangée ? Saura-t-il s'absoudre du carnet qu'un homme finalement inconnu lui a laissé en héritage ?

L'auteur entretient jusqu'au bout l'incertitude en mêlant justement les épisodes : des bribes de récit sur le voyage de la déportation vers l'Allemagne s'intercalent au fur et à mesure de la fuite continuelle d'un héros terriblement fermé et sensible. Ces passages sont comme un référent, une menace dans l'escalade de l'horreur que subit Alvaro. Une menace qui, in fine, semble peu de chose face à la perte de l'identité. Une identité qui ne se réduit pas à un nom.

Claire,

Paris, le 6 décembre 2009.


Lien : http://traindelivres.unblog.fr
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