Indéniablement, "avoir peur de son ombre" n'est pas une vaine expression. Elle prend tout son sens dans le travail analytique où sa rencontre est indispensable.
Une fois que le processus [ndr : d'individuation] est activé, il ne s'arrête jamais. Et plus il s'effectue en conscience, plus la qualité du conscient gagne en ampleur et en profondeur. Ainsi, en permettant une coordination du moi et du Soi, l'accès à la totalité devient plus évident. N'oublions pas que le but de ce processus est de relier le moi au Soi, archétype des archétypes, qui englobe le conscient et l'inconscient et qui exprime la totalité de l'être en dévoilant le centre, le cœur...
Le but ultime poursuivi par le moi dans sa quête de perfection est de devenir un individu unique et afin de muter vers cette condition d'absolu, conscient de son appartenance à l'univers et à l'humanité, l'être s'engage avec lui-même totalement et véritablement. Egalement conscient qu'il est seul mais pas isolé, il découvre et trouve dans la vastitude du monde la place qui est la sienne. Peu à peu transformant et quittant ses critères familiaux et hérités, il adopte et intégre d'autres schémas et paramètres, plus conformes et plus adaptés au nouvel homme qui est en train de naître, un homme différencié et unique.
Cependant, ce but d'unicité est aussi un point de départ, car l'être ne peut réaliser et accomplir que ce dont il est porteur : la graine de la rose offrira la rose.
Au départ de cette formidable aventure humaine que sera la vie de Jung, existe un petit paysan. En effet, la nature, et tout ce qu'elle porte, est toujours présente, omniprésente même, car son enfance se déroule à travers une relation ininterrompue avec le monde rural.
Ce n'est pas l'étendue des connaissances livresques qui font la qualité du psychothérapeute ou du psychanalyste. certes, elles sont indispensables, mais ce qui doit présider à sa fonction reste bien la qualité et la profondeur de sa propre quête intérieure ainsi que sa capacité à poursuivre sans relâche son propre chemin d'individuation.
Introduction à la psychologie jungienne
Commentaire de Pierre Coret