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Critique de MarianneL


Au cours de son expérience singulière du bilinguisme, Ryoko Sekiguchi a buté sur le mot astringent, ou plutôt sur l'écart entre ses significations françaises - où le mot désigne une substance qui a pour propriété de resserrer les tissus, ou, en tant qu'adjectif, ce qui est acerbe, âpre ou austère - et ses acceptions japonaises beaucoup plus étendues voire antinomiques lorsque ce mot prend en japonais un sens positif - signifiant alors peu voyant, d'apparence discrète et calme, d'une beauté discrète. Cette esthétique «astringente» trouve son origine au XIXème siècle, lorsque le shogunat imposât des restrictions vestimentaires strictes, interdisant l'usage des couleurs vives et limitant le recours à certains motifs.

«Un «homme astringent», c'est un homme distingué, voire un peu dandy mais d'une grande discrétion ; bref tout le contraire du bling-bling.»

Des passions de l'auteur pour la littérature et la cuisine, et de ce voyage permanent entre deux langues est donc née cette réflexion de l'entre-deux, et sur l'extension sémantique du mot astringent au Japon, sur l'esthétique associée à ce mot, et enfin sur le kaki qui incarne au Japon le goût de l'astringent. Arbre souvent croisé dans la littérature japonaise, le plaqueminier ou arbre à kaki, fruit qui «compte plus de mille variétés dont seulement dix-sept sont sucrées», est l'un des symboles les plus prégnants des paysages japonais, un archétype apprécié des auteurs de haïkus.

«Le vieux village
Pas une maison
Sans arbre à kaki» (Bashô)

Paru en 2012 en même temps que «Manger fantôme», L'astringent est un petit livre raffiné pour hommes et femmes de goût.

«Le kaki astringent
On en ferait
Un bon remède contre les imbéciles» (Shiki Masaoka)
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