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Critique de migdal


L'enquête de Laurent Seksik sur Eduard, fils d'Albert Einstein et Milena Maric, est aussi intéressante qu'éprouvante et c'est pourquoi j'ai laissé passer quelques jours avant de rédiger ce commentaire.

Basé sur les correspondances familiales et une bibliographie impressionnante, cette plongée dans les secrets de la famille s'inscrit dans un contexte qui est celui de la première moitié du XX siècle, de l'effondrement des empires allemands et austro hongrois, puis du nazisme et des persécutions raciales. Une période riche sur le plan scientifique avec le développement de la mécanique quantique et de la psychanalyse. Une époque inquiétante avec la montée des théories eugénistes et de pureté raciale qui condamnaient doublement les juifs handicapés mentaux.

Albert Einstein (1879-1955) rencontre Milena Maric (1875-1948) à Zurich et conçoivent Lieserl née en janvier 1902 et décédée quelques semaines plus tard. Albert et Milena se marient en janvier 1903 malgré la farouche opposition des parents Einstein. Hans-Albert né en mai 1904 et Eduard-Tete en juillet 1910. le couple se sépare en 1914, divorce en 1919. Albert obtient le prix Nobel de physique en 1921 et en donne la totalité des bénéfices à Milena qui se consacre alors à l'éducation de leurs fils.

Albert retrouve en 1912 sa cousine Elsa Einstein (1878-1936), alors divorcée de Max Lowenthal dont elle a eu deux filles Ilse et Margot. Albert et Elsa se marient en juin 1919 ; ils n'auront pas d'enfants.

Eduard-Tète (Tete = petit) connait peu son père qu'il verra une dernière fois en 1933 quand le savant s'exile aux USA. Il manifeste des troubles psychiques, est diagnostiqué schizophrène en 1931 et interné dès l'année suivante à l'hôpital suisse de Burgholzli jusqu'à sa mort en 1955. Il a donc vécu la moitié de son existence en asile, souffrant d'une pathologie héritée de sa mère dont plusieurs proches sont sujets à des troubles mentaux. Et pourtant Eduard-Tete était un excellent musicien, un poète, et un étudiant en médecine prometteur, mais sa personnalité était complexe, la relation avec son père difficile et les traitement médicaux qu'il a enduré ont probablement aggravé ses problèmes.

Laurent Seksik offre un choeur à trois voies où Albert, Milena et Tete s'expriment successivement au fil des chapitres permettant au lecteur de se mettre dans la position de chacun d'eux. Tete juge sévèrement son père. Celui ci confesse que son fils est un problème qui le dépasse complétement …

Cette « histoire de fou » m'a beaucoup appris sur Einstein et son entourage familial et scientifique ; elle m'a bouleversé en montrant les souffrances de Tete ; elle m'a ému en révélant le dévouement infini de Milena qui a consacré près de quarante ans à son fils.
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