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Critique de Renod


Renod
03 décembre 2015
Dans la famille Kotev, on est médecin de génération en génération. Pour expliquer cette vocation, Tobias Kotev s'amuse à faire descendre la famille d'une tribu juive d'Alexandrie, les Thérapeutes. Les membres de cette tribu s'adonnaient à la méditation et à la prière et enseignaient l'art de soigner. Mais l'analogie ne s'arrête malheureusement pas là. Les Juifs d'Alexandrie furent massacrés en l'an 38, sous le règne de Caligula, lors des émeutes qui secouèrent la ville. Les Kotev vont être victimes eux aussi des persécutions et devoir affronter les violences d'un siècle tragique.
Laurent Seksik croise les destins de ces générations de médecins juifs dans ces périodes dramatiques. 1904, dans l'Empire russe, les Juifs étaient alors cantonnés dans la Zone de Résidence par le pouvoir impérial. Pavel est un médecin de campagne reconnu et apprécié. La famille se sent menacée par l'éclatement de pogroms dans une ville voisine. le fils aîné, Mendel, est envoyé à Berlin pour y suivre ses études de médecine dans un pays plus accueillant pour les Juifs. Il assiste à la montée progressive du nazisme. Après la prise du pouvoir d'Hitler, il quitte l'Allemagne avec sa femme et son fils, Tobias, pour trouver refuge à Nice, où l'Histoire le rattrapera. Natalia, la soeur de Mendel, restée en Union Soviétique, est prise dans le tourbillon du « complot des blouses blanches ». Léna, fille de Tobias, petite fille de Mendel, est une jeune cancérologue qui exerce dans un hôpital parisien. Elle est un peu perdue, prisonnière du passé, sa vie n'a pas vraiment de sens. Elle est très attachée à son père dont elle s'occupe régulièrement. Dernière de la lignée, le poids de la perpétuation de la famille Kotev pèse sur ses épaules. Elle doit assumer un héritage et construire un futur.

J'ai apprécié l'écriture fluide et travaillée de Laurent Seksik. J'ai pourtant eu du mal à entrer dans les chapitres historiques que j'ai trouvés un peu trop attendus et surfaits. Mais il est vrai que brosser l'histoire de quatre générations sur un siècle et trois pays relevait du défi. Dans un débat littéraire – improbable – entre deux soldats russes, l'auteur écrit « L'invention romanesque permet de raconter L Histoire mieux qu'aucun traité. Est-ce que Homère ne faisait pas parler les dieux ? Moi, je me moque de la stricte vérité. Si je veux le vrai, je lis le journal. Si je veux de l'intelligence, je lis de la philosophie. Mais la vérité de l'homme - qui n'a rien à voir, j'en conviens, avec la vérité des faits - est dans l'émotion. Je la trouve dans les romans. » « L'exercice de la médecine » comprend certains de ces moments d'émotion et de vérité, des passages plein de justesse, notamment ceux où l'auteur décrit la relation entre un père en fin de vie et sa fille désemparée face à l'existence. Dans le récit de toutes ces épreuves, il subsiste toujours un espoir. La destinée des Kotev peut se résumer en quelques mots : la vie malgré tout, malgré les persécutions, la mort, la maladie, les doutes…

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