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Critique de Flaubauski


South Bronx. Maria et Bobby forment un couple d'adolescents qui ne plaît pas à tout le monde dans le quartier : elle est d'origine sud-américaine, lui d'origine afro-américaine. le drame nous explose alors en pleine figure dès les premières pages, au même titre qu'à nos deux amoureux qui se promènent comme à leur habitude : ils sont agressés par une bande, Maria défigurée par de l'acide balancé sur son visage, Bobby molesté à coups de chaîne de vélo ; elle est envoyée à l'hôpital, il s'enfuit tant bien que mal, semi-conscient, jusqu'à trouver refuge chez Moishe, un sans domicile pas comme les autres, puisqu'il a équipé une cave de tout le confort dont l'adolescent, issu d'une famille très pauvre, ne pouvait que rêver. Pendant que l'un se soigne, se reconstruit, et découvre l'histoire tragique de Moishe, l'autre, au visage bandé, s'enfonce dans la douleur, le mal-être, soutenue tant bien que mal par les visites de sa mère et de sa grand-mère. Jusqu'à ce qu'un nouveau drame prolonge avec encore davantage de violence le premier…

Comme à son habitude, Hubert Selby Jr nous plonge dans la crasse et la noirceur d'un monde bien éloigné de l'image beaucoup plus positive que l'on peut avoir de New York. Crasse et noirceur dans le drame même qu'il nous conte, mais aussi sur les conséquences qu'il induit sur nos adolescents qui, bien que vivant dans une situation sociale misérable, n'en sont pas moins encore des enfants épris d'innocence, d'idéal, de pureté amoureuse. Crasse et noirceur dans la façon même dont il nous le conte, dans un langage toujours aussi oral et brutal, parfois ponctué de phrases brèves et percutantes qui montrent toute la violence des êtres, des choses, et des moments, parfois ponctué de phrases amples, presque sans fin, qui montrent au contraire toute la difficulté des ressentis des personnages, étouffés par leurs souffrances, physiques, psychiques, morales. Crasse et noirceur qui disent un pessimisme toujours aussi pesant, qui étouffe tout autant le lecteur que les personnages dont il suit les errances.

Mais, et c'est bien la première fois que je le ressens vraiment chez le romancier, une forme d'optimisme point avec force au fil du récit en la personne de Moishe, personnage lumineux qui, malgré un passé terrible, et peut-être même grâce à ce passé, va parvenir à donner à Bobby un autre sens à son existence, telle une figure paternelle positive de substitution.

Le saule n'est pas mon roman préféré de l'auteur, mais il a le mérite de le montrer sous un autre jour. Je me souviendrai donc pour cela de ma lecture.
Lien : https://www.aubonheurdesmots..
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