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Critique de Bimach


Chose rare et étonnante : le titre de ce livre est totalement trompeur. Celui qui est fasciné (comme je le suis) par ce qui représente en effet une énigme, n'y trouve pas son compte. La question commence à être vraiment abordée à partir de la page 91 (sur 204, si on exclut l'appareil de notes) et, dès la page 123, on retourne à ce qui est l'objet réel de l'ouvrage : la description des raisons qui ont conduit l'auteur à orienter ses recherches vers ce sujet (toute la première partie), et (à partir de la page 123) la réception et les débats (passionnants) auxquels a donné lieu la parution de son livre précédent, qui, lui, est bien centré (apparemment, je ne l'ai pas lu) sur le résultat des travaux menés sur cette question.
Quelle déception, par exemple, de ne voir (au milieu de développements sur la réception très hétérogène du précédent livre dans le milieu des historiens) traité qu'en quelques paragraphes la très intéressante hypothèse des "trois écrans" : le maintien d'un appareil d'État, l'opinion, et la résistance des victimes.
Le livre précédent a pour titre "la survie des juifs de France", et c'est lui, sans doute que la critique aurait du conduire une personne intéressée, comme moi, par ce mystère, à éprouver le besoin de lire.
C'est à se demander si l'auteur (pourtant une belle plume, et que je suis régulièrement) de l'article paru dans la presse quotidienne nationale et qui m'a convaincu d'acquérir l'ouvrage, l'a vraiment parcouru. Car on n'y perçoit pas du tout ce glissement par rapport au sujet annoncé par le titre.
Cela ne veut pas dire que la lecture d'"une énigme française" est dépourvue d'intérêt. Tout au contraire : la démarche d'un chercheur qui force l'admiration par sa volonté tenace à poursuivre ses travaux malgré une cécité qui progresse de manière inéluctable, comme ensuite les débats, parfois houleux, avec des historiens comme Paxton, qu'entraîne la parution des résultats de ses recherches, sont passionnantes à suivre.
Mais pourquoi avoir caché ce que cet ouvrage est réellement sous un titre qui ne reflète que très partiellement son contenu ? Est-ce qu'un titre plus sincère qui aurait bien fait apparaître qu'il porte sur un débat d'historiens (et il est vrai que je peine à en imaginer un qui à la fois reflète de manière juste le contenu, et soit suffisamment bref ) n'aurait pas, aux yeux de l'éditeur, suffisamment attiré le lectorat ?
Ou bien est-ce qu'il s'agit au fond, d'un livre qui vise, au moment précis où nous vivons une campagne électorale étonnante, d'allumer, sur un point sensible, un contre-feu à des déclarations d'un candidat dont on voudrait disqualifier le discours ? Si c'est le cas (et les thèses d'Éric Zemmour sont explicitement citées et longuement combattues), les développements du livres, sur le plan de la pure analyse historique, ratent leur cible, car le nombre de passages où, cette fois sans citer le candidat, l'on trouve de multiples affirmations très semblables aux siennes est considérable. le rôle attribué au premier des " trois écrans", (le maintien d'un appareil d'État) n'en est pas très éloigné.
Et, alors que l'auteur s'efforce de provoquer des débats publics (passionnants) ou des rencontres (très riches), avec ceux qui, comme Paxton, ou comme Madame Albanel, rédactrice du célèbre discours du Président Chirac à l'occasion de la commémoration de la rafle du vel d'hiv, voire même Serge Klarsfeld, n'épousent pas ses thèses, il s'explique, en quelques lignes peu convaincantes, sur son refus d'en faire de même avec ce candidat dont, apparemment, il suffirait d'écouter la voix pour se rendre compte que tout débat avec lui est impossible.
Alors, livre politique ou d'historien ?
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