Citations sur Une énigme française : Pourquoi les trois-quarts des Juif.. (15)
À l'évidence, M.Zemmour s'est engagé dans le combat politique d'une extrême droite décomplexée.
(...) n'oubliez pas la résistance des Juifs eux-mêmes.
Et sachez que les Alliés sont restés passifs alors qu'ils auraient dû bombarder les voies ferrées conduisant aux camps.
Sans la réussite du débarquement allié du 6 juin 1944 le nombre de déportations depuis la France aurait été alourdi.
(p. 33)
Toutefois, ce temps de l'enquête n'est pas simple. Du fait de ma cécité, j'ai perdu le contact avec des lettres imprimées depuis trente ans. Je dois donc m'organiser pour recruter des lecteurs affiliés à différentes associations spécialisées. Ce sont souvent de jeunes retraités et leur aide est essentielle : ils m'enregistrent des livres ou m'en font des comptes rendus. Dans les années 2000, le CNRS a mis en place une assistance partielle à des chercheurs handicapés. À Sciences Po, je peu ainsi recourir à des étudiants pour des travaux de secrétariat ou le scan de documents dont je peux ensuite prendre connaissance avec mon ordinateur doté d'une synthèse vocale. Leur service est aussi inestimable.
(...) Je vais estimer qu'au moins 200 000 à 210 000 Juifs sont toujours en vie en France en 1944 : malgré les nazis, l'Occupation, Vichy, la persécutions, les dénonciations, l'antisémitisme général. Comment expliquer ce chiffre important ?
Plutôt que de tenter vainement de démontrer à tout prix en quoi Vichy a sauvé les Juifs français, il (Eric Zemmour) aurait mieux fait de se demander comment les Juifs se sont sauvés eux-mêmes.
(p. 95)
Il est justifié de mettre aujourd'hui en valeur les actions de sauvetage à l'initiative de militants juifs ou chrétiens. Mais ce qui compte d'abord dans la survie des Juifs, c'est ce statut politique et militaire des territoires. Par exemple, les Juifs de Lens auront une chance de survie plus faible que ceux de Montpellier, et ceux demeurant en zone occupée seront plus en danger que ceux arrivés en zone dite "libre". C'est par là que j'ai commencé à poser la distinction fondamentale entre survie et sauvetage. La survie repose sur des facteurs structurels tandis que le sauvetage dépend de facteurs humains intentionnels.
(p. 19)
Quelques jours après ma rencontre avec Simone Veil, je suis invité à donner une conférence sur les dynamiques génocidaires. À la fin de l'intervention, une dame s'approche, je suis fatigué car toute conférence m'oblige à mémoriser mon texte, je l'écoute donc d'une oreille un peu distraite.
- Puis-je vous poser une question, monsieur ? me demande-t-elle.
- Oui, bien entendu, lui dis-je en me concentrant sur sa voix.
- Êtes vous juif ?
La question est nette, elle me déconcerte, je bafouille un :
- Non, madame, je ne le suis pas.
Je perçois son étonnement, je l'entends se dire : "Vous n'êtes pas juif, mais comment alors se fait-il que vous vous soyez intéressé à notre histoire ? " Et le sous-entendu : "Donc vous n'avez pas vécu la persécution, vous n'avez pas perdu des membres de votre famille... et vous vous intéressez à nous ? Je suis étonnee."
Peut-être que cette dame veut me signifier simplement sa reconnaissance : "Vous vous intéressez à nos familles alors que... Vous luttez contre l'indifférence et l'ignorance alors que... Merci!" Je ne sais pas. Je n'ose pas en savoir plus, elle non plus.
Serge Klarsfeld a d'ailleurs découvert en 2010 le premier statut des Juifs annoté de la main même du Maréchal (Pétain), et annoté dans le sens d'une aggravation d'une restriction opposées aux Juifs.
Cela prouve que Vichy avait la possibilité de tenir tête en juillet 1942 à la demande allemande de livraison de Juifs. Mais il eût fallu pour cela que ce gouvernement ne fût pas antisémite et xénophobe.