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Critique de Colchik


Sempé a adoré New-York, sillonné à pied ou à vélo, perçu comme un lieu mythique, quasi surréaliste. D'ailleurs, sa première couverture du New Yorker, en 1978, montrait un homme aux ailes d'oiseau perché sur la fenêtre d'un building. Son New-York est surtout celui de Manhattan, de Central Park, de Times Square, paysage de gratte-ciels déserts, campagne dans la ville, rues saisies dans la splendeur automnale ou sous une étonnante blancheur neigeuse. Je serais tentée de le comparer à Un Jour de pluie à New-York, le film de Woody Allen, oubliant la mégapole populeuse, affairée, voire dangereuse de East Harlem ou de Stuyvesant Heights. le talent du dessinateur est d'investir son imaginaire dans un New-York fantasmé et de nous émerveiller avec sa vision colorée, gaie et tendre de la Pomme qu'il croque à pleines dents.
La parole de Jean-Jacques Sempé est à la hauteur de son dessin : courtoise, retenue, immédiatement sensible. L'aménité qui transparaît dans son art de croquer les situations est celle qu'il pratique en société. Qu'il évoque, dans l'entretien avec Marc Lecarpentier, les habitants de l'immeuble où il résidait lors de ses séjours à New-York ou William Shawn, le directeur du New Yorker, ses propos teintés d'un humour discret mettent toujours en avant les qualités des personnes, plutôt que de souligner les différences culturelles qui l'amusent, exposées avec beaucoup de finesse dans le recueil Par avion.
L'échange avec Lecarpentier permet aussi de démonter quelques idées préconçues. Les petits personnages peuplant le gigantesque décor urbain n'illustreraient pas l'écrasement de l'individu dans un environnement en voie de déshumanisation. « Mes personnages ne sont pas minuscules, c'est le monde qui est grand. » L'homme, point focal de l'image, est perçu non pas dans un rapport déséquilibré au cadre, mais dans la manière où il l'investit : contemplation, ravissement ou, tout simplement, routine.
Jean-Jacques Sempé ou The Artist.
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