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Critique de CorinneCo


Manuel tombe du marchepied d'un train en marche ; Il chute ; Il se blesse ; S'évanouit. Quand il revient à lui, sa mémoire est confuse, une voilure déchirée qui claque au vent. Deux images stagnent dans le cerveau de Manuel, deux images poétiques : la neige qui tombe et les lilas, l'odeur des lilas… Manuel est tombé du train qui le ramenait chez lui, dans sa banlieue parisienne et on murmure « a-t-il voulu se suicider ? ». Chez lui, à l'hôpital, il cherche à percer le mystère de ses deux images. Ancien déporté, il est revenu depuis peu ; sans l'écarter, ni la nier, la mort ronronne en lui ; il la câline presque, comme la seule concrétisation de sa vie. Alors il se remémore des souvenirs de sa vie passée, des fragments : le maquis, les combats, l'arrestation par la Gestapo, Buchenwald ; le reste n'a rien de tangible, presque une indifférence, une désinvolture du quotidien.
Que ce soit au bord d'un lac suisse où dans une chambre parisienne, Manuel redoute et espère ses amantes ; il redoute qu'elles l'enchaînent et espère qu'elles lui enlèvent son masque de solitude. Mais comment leur dire ? Alors, il préfère rire, boire, se moquer gentiment d'elles. Jorge Semprun dans ce beau livre limpide et léger comme un flocon de neige, parle de déracinement, d'incommunicabilité, d'amour et de perte. Les souvenirs de Manuel sont ceux de Semprun ; Souvenirs du passé, souvenirs de l'enfant espagnol déraciné, souvenirs du combattant, souvenirs du déporté, souvenir du clandestin du Parti communiste espagnol qui revient dans son pays. Et toute cette mémoire frappe fort dans sa tête, mais veut-il seulement lui ouvrir ? La dureté de la neige et la fragilité des lilas peuvent-elles panser ses blessures et angoisses anciennes, présentes et futures ?
Suffiront-elles à ne plus le faire s'enfuir dans la nuit soudain frappé d'insomnies ? Suffiront-elles à ne plus le faire glisser d'un train en marche ? Car dans ce livre la question demeure ? Manuel a-t-il voulu s'abandonner dans les bras de la mort comme dans les bras d'une amoureuse sincère et laisser son retour artificiel à la vie sur les chemins de sa mémoire...
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