Les incohérences dans la mise en œuvre du principe d’égalité ne sont donc pas seulement le résultat d’un défaut d’application d’un principe consensuel, mais aussi de divergences en ce qui concerne la définition de ce principe et des personnes auxquelles il est légitime de l’appliquer
La persistance de leur association au spécifique exprime et produit une bicatégorisation où le propre des femmes est d’être particulières, ce qui est plus un défaut qu’une qualité pour être reconnu·e comme un·e citoyen·ne à part entière doué·e de la puissance politique de compréhension et d’incarnation du général, de l’abstrait
cette mise en concurrence des inégalités/inégaux empêche de penser les systèmes de domination dans leur entremêlement
chacun·e soit en capacité de s’imaginer semblable pour être égal·e non pas au-delà, mais en deçà de ses singularités
Je commencerai ainsi par interroger les usages contemporains du terme « fraternité » dans l’articulation du « qui » et du « quoi » du politique.
J’examinerai ensuite comment l’attachement à la liberté peut-être utilisé pour discréditer une égalité renvoyée au registre moral de la censure et/ou du puritanisme. La liberté, limitée à sa version individualiste d’épanouissement personnel, devient alors un outil de dépolitisation à la fois car elle nie les enjeux collectifs et parce qu’elle fait de l’application du principe d’égalité une question morale et non de justice.
J’analyserai enfin comment penser l’égalité en dépassant le mythe d’une égalité à la fois déjà là et à rentabiliser
Nous serons tou·te·s libres sexuellement quand nous serons tou·te·s des individus sujet de désir et de plaisir à part entière
Devenir tou·te·s des semblables en humanité est la condition pour que nous puissions épanouir à égalité notre singularité individuelle
À les suivre, la fraternité n’est pas un supplément d’âme qui viendrait après l’égalité et la liberté ; elle en est la condition et la conséquence. Elle n’est pas le maillon faible de la devise républicaine, mais son atout maître, l’espoir d’une réconciliation entre l’aspiration à la liberté d’individus uniques et différents et l’horizon politique d’égalité.