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Critique de Nastasia-B


Est-il besoin de présenter Max Et Les Maximonstres ? Sans doute, toutes époques confondues, l'un des plus gros succès éditoriaux de la littérature jeunesse dans la catégorie albums. On en voit traîner un exemplaire dans presque toutes les chambres d'enfant, dans la quasi totalité des bibliothèques de maternelle et autres structures dédiées à la prime enfance. Je ne m’appesantirai donc nullement dans la présentation de cet album mais m'en vient plutôt taper la discute autour de ce phénoménal succès.

Pourquoi Max Et Les Maximonstres marche-t-il si fort auprès des enfants ? J'en ai vu, littéralement captivés par l'histoire à laquelle, manifestement, il ne comprenaient goutte.

Point fort n° 1 : le magnétisme des illustrations.
Eh oui, si l'on y regarde de près, le texte importe peu. Il est peu présent et s'efface même carrément en plein milieu d'album, probablement au passage où les enfants sont le plus aimantés au livre.

Maurice Sendak a réussi avec cet album à trouver le juste dosage entre la couleur : pas trop éclatante mais tout de même bien présente ; le trait des personnages : suffisant pour que les enfants estiment qu'il s'agit de monstres repoussants sans toutefois être effrayés par eux. Ça ce n'était pas évident et le véritable tour de force de l'illustrateur me semble résider sur ce point précis. Ses monstres sont assez comparables aux Brigands de Tomi Ungerer : ils sont inquiétants mais pas effrayants. La nuance est subtile mais elle est essentielle.

Donc l'alchimie monstres-couleurs à profusion-image dense fourmillant de nombreux détails fonctionne à merveille en milieu d'album. Le crescendo de l'épouvante est d'ailleurs tout à fait couplé au crescendo de la couleur et de la densité de l'image du début de l'album jusqu'à la moitié puis les deux sont à nouveau couplées en décrescendo du milieu jusqu'à la fin de l'album. Si bien que les enfants de restent pas sur le stade d'excitation maximal produit au milieu du livre mais regagnent un état d'apaisement très rassurant à la fin.

Point fort n° 2 : la personnalité du héros.
Celle-ci joue indéniablement, elle aussi, un rôle majeur dans le succès de l'album auprès des enfants : Max est un enfant turbulent qui n'écoute pas sa maman mais qui l'aime beaucoup quand même. Il ne l'écoute tellement pas qu'il se retrouve puni dans sa chambre. Un épisode vécu par l'immense majorité de nos bambins.

Autre trait essentiel lié au héros : Max ne redoute pas les monstres et vient même à faire partie de leur confrérie sans que cela prête à conséquence. On peut y percevoir comme une sorte de chèque en blanc, une autorisation spéciale et temporaire à passer " du côté obscur " tout en ayant la possibilité de faire machine arrière. Ça aussi c'est un élément particulièrement alléchant pour les enfants et qui suscite une forte identification et un sentiment d'adhésion au parcours du héros.

Troisième trait essentiel imputable au héros : le déguisement. Quel enfant n'aime pas se déguiser ? Et, tout au long de l'histoire, le héros arbore son étrange déguisement de loup blanc, preuve que l'enfant " méchant ", n'est pas lui-même. C'est juste un passage transitoire et c'est l'une des symbolique qu'intuitivement les enfants perçoivent à la lecture. L'allégorie du rêve et de l'endormissement leur passe au-dessus de la tête, par contre, celle du déguisement, du " Max n'est pas comme dans la vraie vie ", ils la ressentent tout à fait et d'autant mieux qu'à la dernière image, Max commence à retirer son déguisement.

Ainsi, contrairement à l'album Grosse Colère de Mireille d'Allancé où la colère est symbolisée par un gros monstre rouge extérieur à l'enfant et qui ravage tout, à l'insu même de l'enfant, ici, la colère est comme une seconde peau, pas quelque chose extérieur à nous même mais un vêtement, qu'on peut mettre et retirer. Et ça, je crois, c'est une image qui parle bien aux enfants.

Enfin, dernier élément visuel qui ravit nos petits lecteurs : la transformation progressive de la chambre de Max. Encore une expérience qu'ont pu faire nombre d'enfant, juste avant de s'endormir, quand la lumière s'éteint, que les objets familiers prennent des formes fantomatiques et quelque peu inquiétantes.

Point fort n° 3 : les mots.
Le tout ne serait sans doute pas complet si l'on omettait de parler de la superbe allitération du titre et qui revient de nombreuses fois dans l'album. Les enfants auxquels se destinent le livre ne maîtrisent pas tous l'ensemble de la phonologie et ils adorent s'emmêler les crayons à prononcer ce titre à rallonge avec des " KS — KS " qui restent collés sur la langue...

En somme, une vraie réussite graphique, scénique et symbolique pour les enfants et déchiffrable par eux. Ceux-ci ne se lassent pas de se faire lire, lire et relire cette histoire où pourtant, il ne se passe pas grand-chose. Preuve s'il en était besoin que les petits ne sont pas forcément demandeurs d'action à gogo comme ce qu'on leur propose de plus en plus et de plus en plus tôt.

Prenons le temps, prenez le temps et laissons leur prendre le temps de savourer des histoires, de revenir en arrière, de laisser l'œil gambader dans les illustrations, plutôt que cette course à la performance, la seule véritable maximonstre de notre temps. Mais ce n'est là que mon maximonstre d'avis, c'est-à-dire bien peu de chose à l'heure du réveil.
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