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Critique de kuroineko


J'ai dévoré les 925 pages du Vide en deux jours (merci mes insomnies). J'en ressors avec un profond goût d'amertume. Je découvre Patrick Senecal avec ce roman et j'ai admiré son incroyable construction. Il mélange les chapitres pour mieux préserver le suspense et ça marche du tonnerre.

Quant aux thèmes abordés, c'est là où ça devient aussi palpitant que douloureux. le roman dénonce avec virulence et cynisme la vacuité de nos vies contemporaines qu'on tâche de remplir avec d'insipides envies, des émissions de téléréalité débilitantes et avilissantes. On rentre dans un cadre standard boulot-mari/épouse - les gosses - la maison... Senecal ou la vie en rose... fané.
Il dépeint avec force les ressorts d'un reality-show intitulé La vie au Max qui consiste à réaliser les rêves les plus fous (sordides surtout)des participants. Succès monstre au Québec, des millions de téléspectateurs sont littéralement collés à leur téléviseur à chaque émission, le public présent pendant le direct en pleine frénésie,  tous attendant le prochain trip, l'espérant bien barge ou bien hard sexuellement. Un vrai programme intellectuel, quoi.
En filigrane transparaissent l'avidité de passer à la télé quitte à piétiner sa dignité  (sa quoi? diraient certains), la solitude des candidats une fois leur quart d'heure de célébrité terminé, les conséquences de leurs actes auxquelles ils n'avaient absolument pas réfléchi, voulant juste faire le buzz  (grrr et pourtant je n'aime pas ce mot qui évoque l'insupportable grosse mouche qui vrombit juste quand on va s'endormir).

Les personnages sont tous bien amenés, crédibles et ambigus. le sergent-détective Sauvé m'a cependant parfois tapé sur les nerfs. le plus fascinant reste Maxime Lavoie, le présentateur et producteur de la vie au Max.

Même si j'ai beaucoup apprécié ce livre, je ne suis pas certaine de l'offrir. Car il faut le moral bien accroché pour affronter le vide que nous inflige Patrick Senecal. Il tape fort et réussit à transmettre le désespoir qui suinte un peu partout. A déconseiller aux personnes dépressives ou qui traversent une mauvaise passe. Sans entrer dans le détail pour ne pas éventer le suspense, je me suis sentie en résonance avec certains des propos avancés dans le livre. D'où le goût amer et la sensation de malaise après cette lecture.

Sur la quatrième de couverture, L'Hebdo suisse le décrit comme "un roman bien ficelé, intense, estomaquant, qui plonge dans le désarroi existentiel d'une foule avide de divertissement et d'hommes et de femmes désespérés.". Pour une fois, je trouve que l'avis sonne juste.
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