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Critique de andman


La gentillesse d'une amie m'a permis de découvrir, cette semaine, les écrits de Luis Sépúlveda et de mieux appréhender le parcours, pour le moins agité, de ce militant politique chilien.
Ce recueil de chroniques, intitulé « Histoires d'ici et d'ailleurs », est sans doute le plus court chemin pour apprécier la personnalité et les talents d'écrivain de cet homme courageux.

Le 11 mars 1990, après 16 ans de cauchemar, prend fin le pouvoir dictatorial du Général Pinochet.
C'est le moment que choisit Luis Sépúlveda pour revenir dans son pays après un exil de 14 ans en Europe. Cet opposant de la première heure au régime militaire a passé plus de 2 ans de prison à Temuco avant qu'Amnesty International ne réussisse à obtenir, en 1977, sa libération contre un exil.

La joie, sans doute immense, de fouler à nouveau le sol de la mère-patrie n'est pas relatée. Sépúlveda préfère sillonner la banlieue de Santiago où les stigmates des années de plomb sont partout présents. Avec sincérité, l'écrivain humaniste rend hommage à ses compatriotes miséreux, ces anonymes qui, parfois au péril de leur vie, ont résisté aux militaires avec des moyens dérisoires. Cette première chronique est particulièrement émouvante.

La deuxième nous permet de survoler dans un petit avion la Terre de Feu.
Sépúlveda a travaillé avec Greenpeace dans les années 80. le militant écologiste dénonce ici la réalisation de projets énergétiques néfastes pour l'environnement et critique ouvertement une industrie touristique peu soucieuse de la fragilité de la région.
L'écrivain rappelle avec à propos qu'en seulement 50 ans, la température de l'Antarctique, de la Patagonie et de la Terre de Feu a augmenté de 2.5 degrés modifiant considérablement la topographie des glaciers de ces régions australes.

Suivent 23 autres chroniques tantôt en Amérique latine, tantôt en Europe.
L'une d'elles devrait particulièrement intéresser les nombreux lecteurs d' "Un vieux qui lisait des romans d'amour" ; elle relate la genèse, au coeur de la forêt amazonienne, de ce livre à succès.

De nombreuses chroniques rendent hommage aux compagnons d'armes de l'auteur.
Sepúlveda a fait partie du GAP, la garde rapprochée de Salvador Allende, dont la devise était : "Ni oubli, ni pardon".
L'homme au tempérament de guerrier déplore avec amertume les mesures d'impunité dont bénéficient, au nom de la réconciliation nationale, les assassins du régime Pinochet.

Tel un bon vin dont les arômes impriment durablement la mémoire, je garderai à l'esprit les chroniques vagabondes de ce livre d'emprunt.
Merci Eliane de m'avoir fait découvrir cet auteur chilien aux convictions affirmées !
Une lecture prochaine d'un roman de Luis Sépúlveda me paraît maintenant une évidence.
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